La Mostra sort son Joker: le palmarès commenté

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le film de Todd Phillips remporte le Lion d’Or à l’issue d’un festival ayant tenu ses promesses.

On croyait le prix d’interprétation masculine promis à Joaquin Phoenix pour sa composition dans Joker. Remontant aux origines de l’ennemi intime de Batman, le film tout en noirceur de Todd Phillips fait mieux encore, puisqu’il décroche le Lion d’Or, la Mostra confirmant au passage son statut de rampe de lancement idéale pour les productions américaines de prestige. Les autres favoris n’ont pas, pour autant, été oubliés par le jury présidé par la cinéaste argentine Lucrecia Martel : plébiscité par la critique italienne, J’accuse, où Roman Polanski revisite l’affaire Dreyfus à la manière d’un thriller efficace mais un brin poussiéreux, repart du Lido avec le Grand Prix – la mini-polémique qui avait accompagné la sélection du film, eu égard aux poursuites dont continue à faire l’objet le cinéaste franco-polonais aux Etats-Unis, semble désormais bien loin. About Endlessness, du Suédois Roy Andersson, complète le podium, le film, explorant la condition humaine en mode aussi burlesque que désespéré, remportant un Lion d’Argent de la mise en scène que nul ne songerait à lui contester.

Les deux révélations du festival, Martin Eden, du réalisateur transalpin Pietro Marcello, et Babyteeth, de la débutante australienne Shannon Murphy, sont pour leur part récompensés par comédiens interposés: Luca Marinelli remporte la Copa Volpi du meilleur acteur pour le premier, Toby Wallace le prix du meilleur espoir pour le second. La suite du palmarès laisse par contre dubitatif: le prix d’interprétation féminine à Ariane Ascaride pour le décevant Gloria Mundi, de Robert Guédiguian, reste une énigme – a fortiori si l’on considère les prestations exceptionnelles de Catherine Deneuve dans La vérité, d’Hirokazu Kore-eda, d’Eliza Scanlen dans Babyteeth ou encore de Gong Li dans Saturday Fiction, de Lou Ye. Le prix spécial du jury à La mafia non è piu quella di una volta, de Franco Maresco, n’est guère moins étonnant, le réalisateur maniant la provoc avec une réussite toute relative dans ce docu-farce sur la peur persistante de la mafia à Palerme vingt-cinq ans après les assassinats des juges Falcone et Borsellino. Réserves n’enlevant rien, toutefois, à la qualité d’ensemble d’une Mostra ayant largement tenu ses promesses…

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