Kill me please, ennuyeux à en mourir…

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On l’annonçait comme le nouveau « C’est arrivé près de chez vous ». Mais le pétard est mouillé, et « Kill me please » n’évite pas l’ennui, malgré un casting prometteur…

En soi, l’idée n’était pas mauvaise. On sait qu’il existe, à l’étranger (en Suisse notamment), des cliniques où des personnes souhaitant mettre fin à leurs jours peuvent trouver assistance et mourir dans la dignité. Le scénario de Kill me please imagine de nous faire entrer dans un de ces lieux de « passage » et d’y découvrir les rapports qu’entretient un directeur prudent (Aurélien Recoing) avec son personnel et surtout des « clients » parfois trop pressés d’en finir. Lesquels attendent avec impatience l’autorisation de boire le dernier verre, une boisson létale en trois minutes mais ne causant aucune douleur.

Parce que le film est en noir et blanc, qu’il aborde la fiction sur un ton proche du reportage, qu’il est coproduit par Vincent Tavier et interprété notamment par Benoît Poelvoorde, on a un peu vite « pitché » le film d’Olias Barco comme « le nouveau C’est arrivé près de chez vous« .

Voyage au bout de l’ennui

Hélas, et malgré un début qu’électrise la présence de Poelvoorde en grand dépressif feignant d’être atteint d’une maladie en phase terminale pour obtenir le droit de mourir au plus vite, la comparaison s’avère vite écrasante pour Kill me please. Une fois le premier suicide (non assisté) accompli, le film cherche son équilibre en présentant successivement, puis en suivant parallèlement, plusieurs « patients » du Docteur Kruger. Il y a là, entre autres, une chanteuse lyrique d’allure plutôt masculine, un sombre et encore jeune barbu rêvant de trépasser dans une mise en scène guerrière, et un vieil esthète souhaitant mourir en plein coït avec une étudiante… Le « cas » le plus intéressant étant celui du personnage joué par un Bouli Lanners savoureusement décalé.

Mais tandis que de l’ombre sort une inspectrice de la police financière enquêtant sur des fraudes (Virginie Efira), la structure chorale se fige en affichant des limites qu’un basculement dans la violence généralisée ne permettra malheureusement pas de transcender. Et l’intéressante (au départ) plongée dans un univers entre idéal généreux et réalité sordide se transforme lentement mais sûrement en voyage au bout de l’ennui…

Devant cet échec navrant, on ne peut s’empêcher d’imaginer ce que le Jean-Pierre Mocky de La Grande Frousse (1964) aurait pu faire à partir du même matériau de base. Et regretter que se voient confondus, d’aussi flagrante et pénible façon, le sens si belge de l’absurde et la facilité du n’importe quoi. C’est arrivé près de chez vous était une réussite fulgurante parce qu’il possédait tout à la fois un concept créatif fort, une colonne vertébrale narrative solide, un sens du détail faisant de chaque scène un petit bonheur en soi, et la performance géniale d’un comédien crevant littéralement l’écran.

Tous éléments qui manquent cruellement à Kill me please, et empêchent qu’on lui accorde un enthousiasme répondant à celui que ses auteurs, interprètes et producteurs ont investi dans le projet, tant le film échoue sur à peu près tous les plans (scénaristique, formel, humoristique et même subversif).

Kill me please, d’Olias Barco, avec Aurélien Recoing, Virginie Efira, Benoît Poelvoorde. 1h35.

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Louis Danvers

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