Huit grands duels de stars au cinéma

Brad Pitt et George Clooney ne sont pas les seules stars à s’être retrouvées en face-à-face. © Apple TV+
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Brad Pitt et George Clooney se prêtent au jeu de la confrontation de stars dans Wolfs de Jon Watts, à voir sur Apple TV+. L’occasion de se replonger dans quelques face-à-face mythiques à l’écran.

Robert De Niro et Al Pacino

dans Heat de Michael Mann (1995).

© Twentieth Century Fox Home Entertainment

En 1995, Michael Mann orchestre au cœur d’une œuvre-phare, qui scintille à la manière d’un véritable poème tragique dans la nuit de Los Angeles, la rencontre au sommet entre deux légendes vivantes du cinéma américain: Al Pacino et Robert De Niro, flic et voyou d’un drame existentiel au noir d’encre où ils jouent au chat et à la souris pendant près de 3 heures. Restée culte, la confrontation en miroir, tendue puis plus intime, dans un café entre leurs deux personnages leur offre le grand moment partagé que Le Parrain 2 de Coppola (1974) leur avait à l’époque refusé. Une scène d’anthologie, et de formidables numéros d’acteurs.

Bette Davis et Joan Crawford

dans Heat de Michael Mann (1995).

© Getty

Stars à la rivalité légendaire, Bette Davis et Joan Crawford s’affrontent sur le tard dans ce sommet mythique de cruauté réalisé par Robert Aldrich. Elles y campent deux sœurs ennemies qui se haïssent jusqu’à la folie dans une grande villa californienne promise à la décrépitude. Sur le tournage, les deux actrices à l’animosité vivace se font littéralement la guerre en dehors des prises, multipliant les coups bas voire les coups tout court, ce dont le film saura bien sûr tirer profit. En 2017, la première saison de la série Feud revenait sur cet affrontement violent avec Susan Sarandon en Bette Davis et Jessica Lange en Joan Crawford.

Nicolas Cage et John Travolta

dans Face/Off de John Woo (1997).

© Getty

Maître virtuose de l’action, John Woo donne un coup de frais joyeusement speedé à l’éternel combat du Bien contre le Mal en chorégraphiant le duel explosif qui oppose un brave agent du FBI (John Travolta) à un dangereux terroriste (Nicolas Cage). Grâce à des opérations chirurgicales, chacun prend le visage de l’autre avant de s’affronter jusqu’au vertige existentiel dans un grand méli-mélo hyper stylisé qui se fout de toute vraisemblance, préférant magnifier une certaine idée de la démesure et de l’outrance. Célébrités alors au sommet de leur gloire, Cage et Travolta s’en donnent à cœur joie en mode docteur Jekyll et mister Hyde.

Alain Delon et Jean-Paul Belmondo

dans Borsalino de Jacques Deray (1970).

© Getty

Amis et rivaux, Delon et Belmondo s’étaient brièvement donné la réplique dès 1958 et le Sois belle et tais-toi de Marc Allégret. Mais leur rencontre à l’écran fait surtout des étincelles douze ans plus tard, au faîte de leur renommée, dans Borsalino de Jacques Deray. Ils y jouent deux voyous qui tentent de devenir les caïds de la pègre marseillaise. Après une première rencontre orageuse, les deux bougres sympathisent et s’associent. Dans la foulée du tournage, l’inlassable guerre d’ego que se livrent les stars finira au tribunal (pour une sombre histoire d’affiche où le nom de Delon apparaît deux fois, contre une seule pour Bébel!).

Jean Gabin et Lino Ventura

dans Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954).

© Belga

Pour sa toute première apparition à l’écran, Lino Ventura, véritable force de la nature et future vedette que l’on sait, s’offre un affrontement de luxe avec Jean Gabin, enfin débarrassé de son image de gueule d’amour et dont le film relance significativement la carrière. Ils y campent deux bandits rivaux se disputant mortellement un magot gros de 50 millions d’anciens francs en lingots d’or. Mettant en scène un véritable clash entre deux générations, Touchez pas au grisbi offre une réflexion sur le vieillissement et l’amitié. Dans les faits, Gabin deviendra le parrain de cinéma de Ventura. Ensemble, ils joueront dans six longs métrages.

Leonardo DiCaprio et Tom Hanks

dans Catch Me If You Can de Steven Spielberg (2002).

© Belga

Tom Hanks et Leonardo DiCaprio jouent au gendarme et au voleur dans cette comédie policière à la fluidité sans faille orchestrée par Steven Spielberg, roi de l’illusion qui met beaucoup de lui et de ses obsessions dans ce jouissif divertissement en forme de traque. S’appuyant sur une trame certes rocambolesque mais inspirée d’une histoire vraie, Catch Me If You Can met en scène, au cœur des années 60, un escroc caméléon (DiCaprio) poursuivi inlassablement par un agent du FBI amidonné (Hanks). Le fameux face-à-face mystificateur dans une chambre d’hôtel entre ces deux hommes que tout oppose vaut assurément son pesant de cacahuètes.

Faye Dunaway et Steve McQueen

dans The Thomas Crown Affair de Norman Jewison (1968).

© Getty

Faye Dunaway vient d’exploser dans Bonnie and Clyde et Steve McQueen sort d’une nomination aux Golden Globes et aux Oscars pour La Canonnière du Yang-Tsé de Robert Wise quand ils se retrouvent pour une confrontation appelée à devenir culte dans The Thomas Crown Affair. Le second y campe un riche et séduisant divorcé qui organise l’audacieux braquage de sa propre banque, tandis que la première incarne une redoutable enquêtrice dépêchée par une compagnie d’assurances pour lui mettre des bâtons dans les roues suite à la réussite du coup. La scène de la partie d’échecs qui les oppose est un classique instantané, tout en tension sexuelle.

Julianne Moore et Natalie Portman

dans May December de Todd Haynes (2023).

© D.R.

Face-à-face trouble et intrigant entre Julianne Moore et Natalie Portman dans le dernier long métrage en date de Todd Haynes, qui gratte le vernis du rêve américain le temps d’une étude de caractères grinçante. Librement inspiré d’une histoire vraie, mais aussi largement influencé par la mémorable confrontation entre Liv Ullmann et Bibi Andersson qui était le cœur du Persona d’Ingmar Bergman (1966), le film oppose une enseignante dont la vie sentimentale a enflammé la presse à scandale 20 ans plus tôt (Moore) à l’actrice célèbre venue rencontrer celle qu’elle va incarner à l’écran (Portman). Entre jeu de dupes et mimétisme ambivalent.

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