Ghostbusters au féminin, une certaine idée du sexisme à Hollywood

Melissa McCarthy, Kate McKinnon, Kristen Wiig et Leslie Jones dans le Ghostbusters de Paul Feig. © DR
FocusVif.be Rédaction en ligne

La version de S.O.S. Fantômes de Paul Feig, avec un casting exclusivement féminin, provoque de violentes critiques qui mettent en relief les problèmes de sexisme et de discrimination à Hollywood.

Sa bande-annonce a été l’une des plus vilipendée de l’histoire de YouTube, récoltant près de 900.000 « je n’aime pas » (et 260.000 « j’aime »), tandis que le réalisateur Paul Feig et son équipe ont fait l’objet de menaces de mort et de moult critiques misogynes sur les réseaux sociaux. « On a fabriqué ces conneries pour faire plaisir aux féministes extrémistes », qualifiées en anglais de « feminazis », lance un utilisateur de Twitter dans un message caractéristique du flot de reproches engendré par le film.

Feig s’est fait un nom pour avoir mis en scène des femmes dans des films à succès comme Bridesmaids (Mes meilleures amies, 2011). Il a fait à nouveau appel cette fois à Kristen Wiig et Melissa McCarthy, ainsi qu’à Leslie Jones et Kate McKinnon, pour revigorer un film vieux de 32 ans. « J’ai fait ces deux dernières années l’objet des pires critiques misogynes que j’ai jamais vues dans ma vie », a-t-il confié récemment en Californie. « Ces attaques donnent juste froid dans le dos. »

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

D’après le blog Woman and Hollywood, ces réactions rappellent celles suscitées par les deux derniers Star Wars -y compris Rogue One: a Star Wars story qui sort en décembre prochain-, qui mettent davantage en valeur les femmes après six films aux castings essentiellement masculins.

« On s’efforce chaque jour de diffuser des messages contre ce préjugé. Et on se fait encore traiter constamment dans les médias de ‘film pour nanas' », raconte Feig.

« On nous appelle toujours « le S.O.S Fantômes de gonzesses (Ghostbusters chicks flick) », ce qui me rend fou. On ne parle jamais du « Expendables de mecs ». Je n’arrive pas à croire qu’en 2016 on doive affronter une bataille aussi ardue. »

« Domaine des hommes »

Ces attaques montrent combien reste ancrée l’idée que les films à gros budget relèvent du « domaine des hommes », note Martha Lauzen, du Center for the study of women in television and film, à l’université de San Diego. Ces films « font traditionnellement jouer des hommes et sont réalisés par des hommes, pour un public de jeunes hommes. En outre, la majorité des critiques qui vont voir ces films sont des hommes », explique-t-elle à l’AFP.

En 2015, les femmes représentaient 9% des réalisateurs et 11% des scénaristes ayant travaillé sur les 250 plus gros films en terme de recettes, selon une étude de Martha Lauzen. Ce qui engendre de fait moins de rôles féminins importants sur les écrans.

L’école Annenberg de communication et de journalisme à l’université de Californie du Sud a recensé 11.306 rôles parlants au cinéma et à la télévision en 2014. Mais les deux tiers sont masculins. Les films à casting féminin ont pourtant généré 3,3% de recettes en plus que les films à casting masculin en 2014, souligne Stacy Smith, directrice dans cette école de la Media, diversity and social change Initiative.

« Les gens reconnaissent finalement que les femmes engendrent la moitié des ventes de billets », se réjouit l’actrice australienne Margot Robbie qui, à 25 ans, a incarné des rôles loin d’être fleur bleue, comme Jane dans le prochain Tarzan. « Et si on ne crée pas de rôles auxquels les femmes peuvent s’identifier, on ne va pas beaucoup aimer les regarder. »

The Fits, premier long métrage d’Anna Rose Holmer, qui a été acclamé aux festivals de Sundance et de Venise, est un peu le Ghostbusters des films indépendants. Réalisé entièrement par des femmes devant et derrière la caméra, il raconte l’histoire d’une fillette de 11 ans qui s’entraîne à la boxe avec son frère à Cincinnati mais rêve de devenir danseuse.

Holmer, qui a écrit le scénario avec Lisa Kjerulff et Saela Davis, estime que les préjugés se trouvent à un tournant. « Cela finira par changer si les gens embauchent des femmes, investissent dans les femmes et prennent des risques en (leur) confiant la barre », affirme-t-elle. « C’est très simple mais c’est possible. »

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content