Critique | Cinéma

Ferrari: un biopic entre intime et spectaculaire

3 / 5
© Lorenzo Sisti
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Titre - Ferrari

Réalisateur-trice - De Michael Mann

Casting - Avec Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley.

Durée - 2 h 10

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Michael Mann signe un film tragique, aux accents opératiques, qui cherche l’équilibre entre l’intime et le spectaculaire.

Grand architecte de l’ultra sophistication à qui l’on doit ces inépuisables films-cathédrales que sont Heat, Collateral ou encore Miami Vice, parmi d’autres, l’Américain Michael Mann, 81 ans au compteur, tourne peu ces dernières années. Près d’une décennie, en effet, s’est écoulée depuis la non-sortie belge de Blackhat (ou Hacker), son dernier long métrage en date, et c’est à peine si, entre-temps, il a réalisé un épisode de série (le pilote de Tokyo Vice, en 2022). Il revient néanmoins aujourd’hui aux affaires avec Ferrari, un projet qui lui tient particulièrement à cœur, puisqu’il avait déjà envisagé de le tourner au début des années 2000.

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S’inspirant d’une biographie écrite en 1991 par le journaliste sportif Brock Yates, Enzo Ferrari: The Man, the Cars, the Races, le film, récit de résilience et de transmission tourné à Modène, s’arrime aux combats difficiles, professionnels et intimes, auxquels doit faire face Enzo Ferrari (Adam Driver), homme fissuré et en crise, au cours de l’été 1957. Endeuillé par la mort de son enfant, celui-ci mène une double vie entre son épouse Laura (Penélope Cruz), dont il s’éloigne, et sa maîtresse Lina Lardi (Shailene Woodley), avec qui il a un fils caché. Alors que la faillite guette l’entreprise qu’il a fondée à partir de rien dix ans plus tôt, il va tout miser sur une seule course automobile, l’épreuve mythique et endurante des Mille Miglia qui relie Rome à Brescia, pour tenter de relancer sa marque déjà légendaire…

Face à la mort

Qu’elle frappe un fils innocent ou menace à chaque instant les pilotes kamikazes -mais aussi les spectateurs- de courses ivres de vitesse, la mort rôde comme une ombre noire sur Ferrari, au cœur duquel Michael Mann semble vouloir filmer le sport automobile comme une religion. Se fendant d’un montage à la Francis Ford Coppola entre une séquence à l’église et une autre sur un circuit, il confère en tout cas une dimension éminemment tragique, mais aussi opératique, à son portrait classieux d’un homme obsessionnel face à son destin et ses fantômes.

Très élégant, voire virtuose, dans sa mise en scène tout en physicalité et son travail de reconstitution, Ferrari, hélas, s’avère parfois très peu subtil dans son écriture scénaristique. Ainsi par exemple des dialogues du film, qui semblent bien souvent n’exister que pour donner de plates informations au spectateur: hanté par le motif de la mort, Ferrari manque indéniablement de vie et de spontanéité, jusque dans les interactions entre ses personnages. Lesquels sont campés par des comédiens solides, mais qui se débattent parfois comme ils peuvent dans un peu convaincant festival d’accents chantants. Reste un bolide au fuselage impeccable dont les courbes fascinent.

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