Deadpool, le super-héros qui rame à Hollywood

Deadpool a de l'humoir (noir) à revendre. © Marvel
Elisabeth Debourse Journaliste

Mercenaire grossier et drôlissime made in Marvel, Deadpool a du mal à se faire une place au cinéma. La vidéo concernant son adaptation qui a fuité il y a peu ne fait qu’entretenir le malaise.

Iron Man, l’Incroyable Hulk, Thor, Captain America, les Avengers, les Gardiens de la Galaxie, Kick-Ass, Spiderman, les X-Men, les Quatre Fantastiques, Blade, Daredevil, Elektra, Ghost Rider… Si la liste des héros des studios Marvel dont les aventures ont été adaptées au cinéma semble aussi prolifique que l’imagination de ses auteurs, c’est que les comics, ça paye. Et pas qu’un peu. Prenez l’homme-araignée, par exemple. Grâce à ses cinq blockbusters, Peter Parker a engrangé près de quatre milliards de dollars au box-office. Les mutants du professeur Xavier? Trois milliards. L’agaçant mais attachant Tony Stark fait à peine moins, avec 2,5 milliards de dollars pour ses trois adaptations cinématographiques. Le grand écran, c’est un filon en or et Marvel l’a bien compris, multipliant les suites et les remakes, parfois au détriment de la logique narrative des récits shootés aux superpouvoirs.

Deadpool.
Deadpool.© Marvel

Le sale gamin de Marvel

Parmi la pléthore de héros que le studio de comics a encore en stock et qui mériteraient de sortir de l’ombre des bibliothèques des lecteurs (Nova l’homme-fusée, le félin Black Panther ou encore l’organisation secrète des « Illuminati » pour ne citer qu’eux), on trouve Deadpool. Wade Wilson, sans le masque, a tout pour devenir notre anti-héros préféré: un humour bien noir, un passé difficile, un métier ultra-dangereux et pas franchement réglo (il est mercenaire, mais n’accepte de liquider que les vrais méchants, évidemment), toute la panoplie niveau muscles, des katanas en guise d’armes, une sérieuse diarrhée verbale, la capacité de se régénérer et une vulgarité impressionnante. Mais la caractéristique la plus intéressante de Deadpool, c’est qu’il a tout à fait conscience de n’être qu’un personnage de fiction, ce qui donne lieu à des situations absurdes où le super-héros interpelle les auteurs et les lecteurs, s’énerve, plaisante, tout en bousculant les codes de la B.D. Sur grand écran, Deadpool pourrait sans aucun doute être un rôle fascinant. Et ça nous changerait. Mais si Wade Wilson s’échappe régulièrement de ses cases, il a bien du mal à sortir des studios de cinéma.

Deadpool utilise son statut de personnage de comics pour faire avancer le récit.
Deadpool utilise son statut de personnage de comics pour faire avancer le récit.© Marvel

Une vidéo qui affole les fans

Marvel s’était pourtant décidé à lancer son adaptation cinématographique il y a quelques années déjà. Le script avait alors été confié à Rhett Reese et Paul Wernick (les mêmes gais lurons de l’excellente comédie zombiesque Bienvenue à Zombieland), la réalisation à Tim Miller et le rôle principal au bellâtre Ryan Reynolds, qui avait déjà endossé le costume rouge et noir dans X-Men Origins : Wolverine. Une vidéo qui a fuité il y a quelques jours dévoile par ailleurs des images de ce à quoi pourrait ressembler Deadpool au cinéma. On y voit le anti-héros cogner du vilain à grand renfort de plaisanteries auto-célébratrices sur fond de Gwen Stefani (le tournage remonte à trois ans, quand la chanteuse existait encore dans la galaxie musicale). Mais le court et prometteur extrait qui était destiné à appâter les pontes de la Fox est également la preuve d’un relatif échec. Pourquoi l’adaptation de Deadpool stagne-t-elle, privant par la même occasion les gamins de moins de douze ans d’un cartable aux couleurs du super-héros à la rentrée?

Money, money, money…

Parce que justement, le film, dans l’état actuel des choses, n’est pas destiné aux moins de 17 ans. S’il devait être à l’image de l’extrait, il serait à coups sûr « R-rated », car ultra-violent (rien de moins qu’un corps écrasé, une décapitation et au moins un « F-word » en moins de deux minutes). Les clowneries de Deadpool seraient ainsi interdites aux mineurs, sauf accompagnés d’un adulte, ce qui représente un manque à gagner gigantesque. Le script est à l’image de la vidéo; tortures physiques et mentales et menaces de violences envers des enfants seraient au rendez-vous. Sans oublier que dans le comic originel, Deadpool n’a pas le faciès parfait de Reynold, mais un visage couvert de cicatrices. La laideur, ce n’est pas très vendeur…

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En quelques mots Robert Liefeld, le créateur de Deadpool, confesse que le script devra être adapté.
En quelques mots Robert Liefeld, le créateur de Deadpool, confesse que le script devra être adapté. © Robert Liefeld/Twitter

L’une des autres raisons supposées de l’absence du super-héros à Hollywood serait purement tactique. Si l’on en croit le site Slashfilm, Marvel pourrait vouloir faire de Deadpool un spin-off de la franchise X-Men. Après tout, il y est déjà apparu et il suffirait de lui laisser davantage de lignes dans une suite plus que probable pour susciter encore davantage l’intérêt des spectateurs, et ainsi s’assurer un joli nombre d’entrées en salle. En agissant de la sorte, Marvel tuerait à coups sûr dans l’oeuf toute opportunité pour Deadpool de critiquer de l’intérieur l’industrie du super-héros qui recycle à l’infini les mêmes formules de succès. Super-malin.

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