Critique | Cinéma

Dans « Air », Ben Affleck revient sur le coup de poker de Nike avec Michael Jordan

3 / 5
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Titre - Air

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Ben Affleck

Casting - Matt Damon, Ben Affleck, Viola Davis

Sortie - En salles le 5 avril 2023

Durée - 1 h 52

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Aux racines du partenariat entre Nike et Michael Jordan, Ben Affleck signe avec Air un efficace divertissement feelgood dans les coulisses du sport.

De Ghostbusters à Mister T., le générique d’ouverture multiplie jusqu’au vertige les références à la culture pop et joue à fond la carte de la nostalgie avant d’enchaîner sur le teigneux et tubesque Blister in the Sun des Violent Femmes… Aucun doute possible, on est bien dans les 80’s. Et plus précisément en 1984, année où Converse et Adidas dominent encore éhontément le marché de la godasse de basket-ball. “C’est quoi le problème avec Nike?”, se demande, dépité, Sonny Vaccaro (Matt Damon, assez parfait en Américain moyen à l’embonpoint bonhomme), directeur du marketing sportif de la marque au logo stylisant pourtant fièrement sous forme de virgule une aile de la déesse grecque de la victoire. Sur une intuition et un sens du bluff dignes d’un grand joueur de poker, Vaccaro s’apprête cela dit à changer radicalement les règles du game. Il voit en Michael Jordan, jeune rookie qui n’a pas encore fait ses débuts en NBA avec les Bulls de Chicago, un modèle de décontraction et de grâce à même d’en faire le joueur le plus compétitif de sa génération, voire même de l’Histoire de sa discipline. Il va dès lors tout tenter pour conclure un partenariat avec la famille du prodige et lancer une chaussure d’un genre nouveau frappée à son nom: la Nike Air Jordan…

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Les figures de l’ombre

En laissant volontairement rayonner l’aura extraterrestre de Michael Jordan depuis le hors champ du film, Affleck évite intelligemment d’écraser son récit en mode hagiographique, préférant soigner sa reconstitution et bétonner son casting autour de figures de l’ombre. L’acteur-réalisateur, c’est sûr, a vu (et probablement revu) le Jerry Maguire de Cameron Crowe et le Moneyball de Bennett Miller, ainsi d’ailleurs, sans doute, que l’irrésistible série Ted Lasso. Son nouveau long métrage en possède en tout cas l’efficacité feelgood et cette capacité à rendre les interminables négociations qui se jouent dans les coulisses du sport quasiment aussi prenantes qu’un bon match. Porté par un plaisir presque fétichisé du bon mot et de la phrase qui claque, Air donne en effet à voir de longues scènes de pourparlers au téléphone, a priori anti-sexy au possible mais ici électrisées par une vibration éminemment contagieuse.

Sa réussite tient évidemment aussi beaucoup au plaisir anticipatif du spectateur, qui sait déjà pertinemment où tout cela mène: vers une incroyable success story destinée à révolutionner le monde et le business du sport. Fun et rythmé, le divertissement embrasse et glorifie au fond le rêve américain sans beaucoup de distance ni de réelle dimension critique (même si le film semble vouloir suggérer en sous-texte qu’il pourrait bien posséder la même ambiguïté que le Born in the U.S.A. de Springsteen, sorti en… 1984). C’est son principe de base mais aussi sa limite: peu d’aspérités ici, juste le plaisir “innocent” de la montée, jamais l’envers plombant de la descente.

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