Cate Blanchett et Michael Fassbender obligés de choisir entre leur couple ou leur pays dans Black Bag, parmi les sorties ciné de la semaine

Cate Blanchett et Michael Fassbender, entre amour et suspicion, dans Black Bag. © Claudette Barius/Focus Features 2025 All Rights Reserved.
Nicolas Clément Journaliste cinéma
Black Bag, où Steven Soderbergh réunit Cate Blanchett et Michael Fassbender, le film d’animation hyper doué Mémoires d’un escargot, la comédie dramatique avec Camélia Jordana Reine mère et un docu sur le photographe Ernest Cole: les sorties ciné de la semaine.

Black Bag

Thriller de Steven Soderbergh. Avec Cate Blanchett, Michael Fassbender, Marisa Abela. 1h33.

La cote de Focus: 2,5/5

George Woodhouse et Kathryn St.Jean sont mari, femme, et agents au Secret Intelligence Service. Tous deux occupent des postes à responsabilités, et mènent des missions classées secret défense pour lesquelles la discrétion est de mise. Pour ce faire, ils disposent, pour protéger leur couple, d’un safe word: «black bag». Ce sac noir, c’est celui où l’on peut opportunément ranger toutes les informations confidentielles dont le conjoint ne peut avoir connaissance. «Tu étais où hier à 22 heures?» «Black bag.» Plutôt pratique pour dissimuler de grands (et petits) secrets. Quand George apprend qu’une brèche a été détectée dans la sécurité nationale, et que sa femme compte parmi les suspects, il se demande ce qui importe avant tout à ses yeux: sauver son couple ou son pays?

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Cela faisait une éternité que l’on n’avait plus vu Steven Soderbergh au cinéma, si l’on excepte la discrète sortie de Magic Mike’s Last Dance en 2023. Le prolifique réalisateur américain semblait s’être réfugié à la télévision ou sur les plateformes. Mais s’il y a bien une chose qui caractérise la filmographie de Soderbergh, c’est son éclectisme. Le cinéaste s’est essayé à tout ou presque: le film d’auteur à Palme d’or (Sex, Lies and Videotape), le film de braquage (Ocean’s 11 et les autres), le biopic (Erin Brockovich), le polar sexy (Out of Sight), la dystopie (Contagion), et bientôt le film horrifique (Presence, sortie non datée). Il livre avec Black Bag une sorte de mix élégant entre le thriller d’espionnage et la comédie d’action, où les bons mots feraient office de coups, et la mise à jour des secrets des scènes de combat. Nos espions s’affrontent de manière extrêmement civilisée, autour d’un bon repas, lors d’une partie de pêche, dans le cabinet d’un psy ou l’alcôve d’une chambre.

On comprend vite que le Severus qui fait trembler les membres de l’état-major et après lequel ils courent aura tout d’un prétexte pour aborder les vraies grandes questions qui semblent tarauder Soderbergh et son scénariste David Koepp: l’amour est-il un sérum absolu de vérité? Se doit-on la vérité quand on s’aime? Ce n’est évidemment pas un hasard si les six protagonistes au cœur du jeu de dupes incarnent autant de versions du couple (installé, fraîchement entamé, ou encore à officialiser), et si les scènes pivot du film sont un dîner où les vérités fusent, et une séance mouvementée de détecteur de mensonges.

Certes, on peut s’agacer de l’hyperstylisation des décors et des costumes, d’une certaine forme, aussi, de nonchalance qui confine parfois à l’ironie poseuse, et d’un casting où trop de cool tue le cool (Michael Fassbender, Cate Blanchett, Naomie «Moneypenny» Harris, Regé-Jean Page, et même Pierce «007» Brosnan en personne). Autant d’artifices qui diluent le propos, mais rattrapés par un montage hyperefficace, qui font de ce nouveau Soderbergh une étape mineure bien que divertissante de sa filmographie.

Mémoires d’un escargot

Film d’animation d’Adam Elliot. 1 h 34.

La cote de Focus: 4,5/5

Seize ans après le déjà formidable Mary et Max, l’Australien Adam Elliot revient avec un deuxième long métrage animé en stop motion (image par image) qui transcende le malheur armé d’un humour ravageur. Dans Mémoires d’un escargot, la jeune Grace Pudel, collectionneuse compulsive et passionnée de lecture, voit sa vie chamboulée lorsqu’elle est séparée de son frère jumeau Gilbert. Ignorée par ses tuteurs et harcelée par ses camarades de classe, elle s’enfonce alors dans le désespoir. Jusqu’à sa rencontre salvatrice avec Pinky, une octogénaire excentrique qui va l’aider à sortir de sa coquille et aller de l’avant…

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Porté par un goût fulgurant pour la poésie bricolée, ce bijou tragicomique d’une radicale singularité invite à dynamiter le verrou de nos prisons intérieures pour faire la paix avec soi. Riche en symboles puissants et en trouvailles audacieuses, il touche au sublime en se frottant au crapoteux. Assurément déjà l’un des films de l’année.

Reine mère

Comédie dramatique de Manele Labidi. Avec Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Damien Bonnard. 1h33.

La cote de Focus: 3,5/5

France, début des années 1990. Amel et Amor s’aiment passionnément. Alors qu’Amor cumule deux jobs, Amel lutte contre le déclassement social qu’impliquerait un déménagement en banlieue. Si elle a l’exil nostalgique et rêve de Tunisie, lui sait que l’Algérie ne l’attend pas, alors que son nouveau pays rechigne à lui laisser sa chance.

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A l’ombre de ce couple romanesque, leur fille adolescente Mouna cherche sa place, et se trouve au détour d’un cours d’histoire un drôle d’ami imaginaire, Charles Martel en personne, camarade retors, mal élevé et brusque, mais qui va l’aider à explorer ses peurs et comprendre qui elle est. Avec cette chronique imparfaite mais séduisante, Manele Labidi figure de façon habile (et drôle) le trauma intergénérationnel qui hante les enfants de l’immigration maghrébine en France.

Ernest Cole: Lost and Found

Documentaire de Raoul Peck. 1h46.

La cote de Focus: 3,5/5

Après s’être penché sur les destins de Patrice Lumumba et James Baldwin, Raoul Peck s’attache dans ce documentaire passionnant, Œil d’Or au Festival de Cannes, à la trajectoire mouvementée du photographe sud-africain Ernest Cole, qui après avoir témoigné de l’horreur de l’Apartheid s’est exilé aux Etats-Unis, où au lieu de trouver la liberté et l’égalité auxquelles il aspirait, il n’a rencontré que préjugés et désillusion.

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Cole s’y est retrouvé piégé, assigné à une œuvre forcément politique quand ne il rêvait que d’art. Si la forme du film est un peu figée, avec un recours trop systématique à une musique démonstrative et des zooms forcés pour animer les photos, Peck donne à voir avec passion le travail de Cole, mais aussi à entendre sa voix, faisant la part belle à ses écrits, aussi intenses que bouleversants.

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