Mélanie Thierry dans Captives, drame sororal au cœur d'une institution aux graves dérives 
autoritaires. © DR

Dans « Captives », une intense Mélanie Thierry: « C’était génial d’avoir accès aux émotions de ces femmes »

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Mélanie Thierry emmène avec intensité le casting essentiellement féminin de Captives, le nouveau long métrage d’Arnaud des Pallières (Michael Kohlhaas, Orpheline).

Dès son tout premier long métrage, La Légende du pianiste sur l’océan, en 1998, elle donne la réplique à l’Anglais Tim Roth devant la caméra de l’Italien Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso) qui adapte Alessandro Baricco. Dans la foulée, son parcours sera résolument international, Mélanie Thierry tournant aussi bien pour les Américains Scott Z. Burns (Pu-239 en 2006), Terry Gilliam (The Zero Theorem en 2013) et Spike Lee (Da 5 Bloods en 2020) que pour le Québécois Denys Arcand (Le Règne de la beauté en 2014) ou l’Espagnol Fernando León de Aranoa (A Perfect Day en 2015). Mais, de Maïwenn aux frères Larrieu en passant par Mathieu Kassovitz, Bertrand Tavernier, André Téchiné, Diane Kurys et bien sûr Emmanuel Finkiel, la comédienne d’origine normande a aussi et surtout tourné avec un solide contingent de cinéastes français. On la retrouve aujourd’hui devant la caméra d’Arnaud des Pallières, pour un drame sororal qui, contrairement aux apparences, n’est pas une nouvelle adaptation du Bal des folles de Victoria Mas mais conte une histoire très similaire.

Situant son action à Paris, en 1894, Captives raconte en effet comment Fanni (Mélanie Thierry, donc), une femme bien née, se laisse enfermer volontairement à l’hôpital de la Salpêtrière. 
Y cherchant sa mère parmi une multitude de femmes convaincues de folie, elle découvre la dure réalité de l’asile et tisse une amitié inattendue avec plusieurs compagnes d’infortune. Alors que le dernier grand bal de l’institution se prépare dans l’effervescence, elle pense enfin avoir identifié celle qu’elle traque désespérément et prépare leur évasion avant que le piège ne se referme définitivement sur elles… Le réalisateur Arnaud des Pallières dit avoir aimé l’idée de confier le personnage de cette femme bourgeoise de la fin du XIXe siècle à une actrice aussi moderne que Mélanie
Thierry. Éternelle moue faussement boudeuse et émotion à fleur de peau, celle-ci empoigne le rôle avec une énergique intensité. Rencontrée à Deauville en 
septembre dernier, où le film était présenté en avant-­première, elle raconte: « À la base, Arnaud des Pallières vient du documentaire. En télévision, mais aussi au cinéma. Son désir de mêler des actrices confirmées et des comédiennes non professionnelles avec des handicaps ou des différences a emmené d’emblée le film au croisement de la fiction et de quelque chose de très authentique. Ça a apporté une vraie richesse à son intrigue mais aussi quelque chose de très intéressant dans les interactions sur le plateau et 
donc dans les relations entre les personnages. C’est-à-dire qu’on était vraiment amenées à faire très attention les 
unes aux autres. Il y a par ailleurs quelque chose de très organique dans le travail d’Arnaud. Il est exigeant, précis. ça demande une certaine endurance, on cherche, on multiplie les prises avec des intentions nouvelles… Et, 
à l’arrivée, les personnages sont denses, ils sont nourris d’énormément d’éléments. En termes de direction 
d’actrices, c’est vraiment du costaud.« 

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Trouver le personnage

Afin de préparer ce rôle, Mélanie Thierry dit avoir lu beaucoup de journaux intimes de femmes de cette époque-là, de l’âge et de la classe sociale de son personnage. Comme ceux, publiés en France quelques décennies après sa mort, de Catherine Pozzi, par exemple, poétesse parisienne issue d’une famille aisée. « C’était génial de pouvoir rentrer dans les pensées et les émotions de ces femmes, d’avoir accès à leur intimité. La bourgeoisie repose sur une certaine idée du paraître, de l’image publique. Mais dans l’écriture de soi à soi, dans le secret d’une chambre, une fois le corset arraché, il y a tout un dévoilement qui s’opère et qui ouvre sur une richesse intérieure insoupçonnée. Pour mon personnage, c’était passionnant d’avoir accès à ça. Ça me permettait de comprendre tout ce qui pouvait se passer derrière les masques, et une façade souvent très policée. Et puis Arnaud m’a imposé des cours de chant et de danse classique, parce qu’il trouvait que je ne me tenais pas assez bien (sourire). Et c’est vrai, il a raison. Moi je suis une fermière, je viens d’une classe sociale très banale, je mets les mains dans la terre et je prends des coups de soleil. C’est en travaillant sur un rapport assez guindé au corps, tout en le nourrissant d’une vraie richesse intérieure, que j’ai fini par trouver le personnage.« 

Pour La Chambre de Mariana, le prochain film 
d’Emmanuel Finkiel, avec lequel elle avait déjà tourné Je ne suis pas un salaud et La Douleur, Mélanie Thierry a appris l’ukrainien durant deux ans, « huit heures par jour, tous les jours« . Adapté du roman du même nom de l’écrivain israélien Aharon Appelfeld, le film raconte comment, en 1943, une prostituée ukrainienne cache un enfant juif dans un réduit privé de fenêtres au sein de la maison close où elle travaille. « Ça fait deux ans que je porte ce personnage, avec une langue à apprendre et des émotions qui me sont chères. Certes, c’est parfois un peu envahissant (sourire) mais ça en vaut assurément 
la peine.« 

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