Cannes: Le monde de Laura Wandel
La Bruxelloise Laura Wandel présentera à Cannes son premier long métrage, Un monde, dans la section Un Certain Regard. Entretien.
Jeune réalisatrice bruxelloise formée à l’IAD, Laura Wandel avait déjà goûté aux joies d’une sélection au festival de Cannes. C’était en 2014, avec son court métrage Corps étrangers. Sept ans plus tard, la voici qui intègre la prestigieuse section Un Certain Regard avec son premier long métrage, Un monde. « C’est un plaisir immense, évidemment, réagit-elle à quelques jours de l’événement. Surtout dans cette section qui met en avant des films avec des points de vue singuliers d’auteurs et des partis pris de mise en scène forts. Et puis ce Cannes 2021, c’est le premier gros événement culturel depuis longtemps, donc c’est encore plus magnifique d’en être, d’enfin pouvoir revivre le cinéma sur grand écran dans cette effervescence-là. »
Une certaine aura de mystère entoure ce film belge qui ne sera pas montré à la presse avant le début du festival. La cinéaste préfère en tout cas ne pas trop en dire. Même si l’on sait que la trame d’Un monde se construit autour de deux enfants dans une école: une petite fille, Nora, et son grand frère, Abel, victime de harcèlement. « Il s’agit d’une histoire de harcèlement mais pas seulement, insiste Laura Wandel. Le point de départ de mon travail, c’est souvent et avant tout un lieu. Corps étrangers, mon court, partait d’une piscine. J’avais beaucoup observé et décidé de me focaliser sur un personnage qui avait un problème avec le regard de l’autre. Cette fois, j’ai senti que je voulais partir d’une école et de la difficulté à s’intégrer au sein d’une communauté. Une école, c’est un microcosme, un monde en soi qu’il faut apprivoiser. C’est un miroir de notre société. J’ai décidé d’y placer une fratrie mise à mal par le besoin de s’intégrer. »
Un film de hors champ
Tourné à l’Athénée Royal Andrée Thomas de Forest, le film est, à l’arrivée, entièrement envisagé à hauteur d’enfant. « On ne quitte jamais Nora. La caméra est toujours reliée à elle ou à son regard. L’idée, c’est vraiment de rester dans la représentation du monde de cette enfant. Le travail sur le son était particulièrement délicat. Parce que c’est un film de hors champ, en fait. Il fallait faire vivre le brouhaha de l’école, son côté oppressant, agressif, tout en trouvant la juste mesure pour ne pas épuiser les oreilles du spectateur. »
Un monde sortira à l’automne dans les salles belges. On attend beaucoup de ce premier long métrage signé par une réalisatrice venue au cinéma suite au choc éprouvé à l’adolescence face au Japón de Carlos Reygadas. « Certains films m’ont donné tellement d’émotions que j’ai eu envie d’en faire à mon tour. C’est aussi le cas de L’Humanité de Bruno Dumont, par exemple. Ou de Jeanne Dielman de Chantal Akerman, dont je suis ressortie en tremblant. Je pourrais encore citer les films de Michael Haneke, des frères Dardenne ou d’Abbas Kiarostami. J’apprécie particulièrement le travail de cinéastes qui montrent l’humain dans ce qu’il a de pire, tout en parvenant à faire ressortir aussi ce qu’il y a de plus beau. »
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