Cannes : ce qu’il faut retenir du cru 2019

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le Festival de Cannes promettait cette année d’être une grande édition et elle l’a été. « La sélection cette année était incroyable », avec « des réalisateurs iconiques, puissants, de nouvelles voix du monde entier », a déclaré samedi soir le président du jury Alejandro Gonzalez Iñarritu, avant de donner le palmarès.

De fait, critiques et festivaliers ont été conquis par le cru 2019. « La migraine du jury, c’est la rançon des années fastes à Cannes », soulignait Le Monde. Pour le critique du Guardian Peter Bradshaw également, « ça a été un excellent Cannes », avec « du bon travail pas seulement de la part des vétérans et des cinéastes établis de l’histoire du festival, mais aussi des jeunes et des nouveaux venus ».

Parmi les cinéastes les plus confirmés, Pedro Almodovar, les frères Dardenne, Ken Loach, Terrence Malick, Marco Bellocchio ou Quentin Tarantino n’ont pas déçu, se montrant souvent au meilleur de leur forme. Mais les bonnes surprises sont aussi venus des nouveaux venus, comme le Français Ladj Ly et la Franco-Sénégalaise Mati Diop, tous deux récompensés.

Des « perdants »

La malédiction continue pour Pedro Almodovar, qui échoue pour la sixième fois à remporter la Palme d’or. Sa déception doit être immense, car « Douleur et gloire », son film le plus personnel, d’une beauté et d’une profondeur saisissantes, avait ses chances. Au lieu de quoi, c’est son double à l’écran, Antonio Banderas, qui a été récompensé du Prix d’interprétation masculine. L’acteur a d’ailleurs dit « ressentir un peu d’amertume car j’aurais aimé que Pedro soit » parmi les primés.

Quentin Tarantino et Terrence Malick, respectivement palmés en 1994 et 2011, symbolisaient le retour en force des Américains sur la Croisette. Au final, malgré les ambitieux « Once Upon a Time… in Hollywood » et « Une vie cachée », le jury ne les a pas faits figurer au palmarès.

Les vétérans britannique et italien, Ken Loach et Marco Bellocchio, sont eux aussi restés à quai malgré deux très bons films, « Sorry We Missed You » et « Le traître », qui ont certainement pâti de leur classicisme. Enfin, il est le moins connu de tous, mais Diao Yinan, représentant d’un cinéma chinois en pleine effervescence, aurait pu être récompensé du prix de la mise en scène pour « Le lac aux oies sauvages ».

Aspects politiques et sociaux

Inégalités sociales, sort des migrants, violences policières, radicalisme religieux: la plupart des films qui ont reçu des prix « ont a voir avec les aspects politiques et sociaux du monde », a souligné Alejandro Iñarritu.

A commencer par le premier d’entre eux, « Parasite », la Palme d’or, qui dénonce inégalités sociales à travers l’histoire d’une famille pauvre qui végète dans un sombre sous-sol sale et s’impose peu à peu au sein d’une famille très riche vivant dans une maison somptueuse.

« Atlantique » de Mati Diop, couronné du Grand Prix, se penche sur les migrants et la jeunesse de Dakar.

Film coup de poing, « Les Misérables » de Ladj Ly récompensé ex aequo du Prix du jury, pointe avec virulence les violences policières dans les banlieues.

Enfin, l’engagement des très politisés frères Dardenne sur la radicalisation d’un adolescent dans « Le jeune Ahmed », est salué par le Prix de la mise en scène.

Toujours pas de nouvelle Palme d’or pour une femme: Jane Campion reste donc la seule à avoir remporté la récompense suprême (en 1993 pour « La leçon de piano », ex aequo avec Chen Kaige).

Sur les quatre films en compétition réalisés par des femmes, trois ont intégré le palmarès, dont ceux de Mati Diop, et Céline Sciamma, prix du scénario pour « Portrait de la jeune fille en feu ».

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