Titre - Arno : Rock’n’Roll Godverdomme
Genre - Documentaire
Réalisateur-trice - De Kristof Michiels
Durée - 1 h 30
Avec Arno : Rock’n’Roll Godverdomme, Kristof Michiels rend hommage au lonesome Zorro avec un documentaire conçu comme une grande mixtape.
Deux ans et demi qu’Arno est mort, mais il n’a toujours pas disparu. Disques posthumes (Opex, Les Duettes), concert-hommage (à l’AB), exposition (les photos de son ami Danny Willems), etc. Et dès cette semaine, au cinéma, un documentaire.
Qu’ajouter sur l’Ostendu qui n’ait encore été dit, tout au long de ses cinquante ans de carrière ? Sans doute pas grand-chose. D’ailleurs, ce n’est pas l’objectif du film de Kristof Michiels. Arno : Rock’n’Roll Godverdomme ne révèle rien, n’explique rien. Il ne s’appuie sur aucun témoignage inédit et ne se repose sur aucune image qui n’ait déjà été vue. Non, pour trouver la « beauté » et la « vérité », le documentaire se contente de laisser simplement son sujet chanter et éructer le blues d’ici, comme il savait si bien le faire. Et causer aussi. Bon client médiatique, Arno ne perdait jamais une occasion de cabotiner. Avec un art de la pirouette et de la brève de comptoir, qui lui permettait de se planquer facilement derrière son personnage d’idiot savant hirsute.
Expérience immersive
En prélude, Kristof Michiels prévient d’ailleurs : « Ceci n’est pas Arno ». Ni une pipe. Mais bien un film sur l’une des dernières icônes de la belgitude. Comme Magritte donc, Tintin ou l’Atomium. Un monument. Or un monument, ça ne s’analyse pas vraiment. Ça se visite. The Arno Hintjens experience annonce encore le sous-titre. Heureusement, ici, pas de dispositif 360° cheap ou de casques VR gadget. Pour « s’immerger » dans l’univers d’Arno, la musique suffit encore et toujours.
A cet égard, le film fonctionne volontiers comme une sorte de mixtape visuelle. Pas tout à fait étonnant : jusqu’il y a peu, Kristof Michiels était aussi connu sous le nom de 4T4, DJ du légendaire groupe de hip hop flamand ‘t Hof van Commerce. Dans un montage sonore assez bluffant, les morceaux d’Arno s’enchaînent ainsi les uns aux autres. Sans recontextualisation ou explication (quelques mots à peine de l’artiste sur l’origine de Funky You’re Not), passant sans prévenir d’une époque à l’autre. Parfois pour un même titre : Middle Class & Blue Eyes, par exemple, de TC Matic, démarre sous la forme d’une démo rachitique, continue sur la scène de Werchter, avant d’atterrir sur le plateau télé d’une émission scientifique de la BRT (Elektron), séquence sur laquelle vient encore se superposer une anecdote surréaliste comme le père Arno avait l’habitude d’en raconter sur scène.
Pendant une heure et demie, à la manière d’un long zapping, quasi hypnotique, le « chanteur de charme » enquille ainsi tous ses principaux faits d’armes – de Mon Sissoyen à Lonesome Zorro, en passant évidemment par Oh La La La, Putain Putain ou les Yeux de ma mère, etc. Son visage saturant l’écran, sa voix s’incrustant dans l’oreille. Pas sûr que l’exercice obsessionnel aurait convenu à beaucoup d’autres artistes. Arno, lui, tient le choc. « Ouvert comme une vieille pute ». Tout en restant aussi énigmatique qu’un sphynx. Un monument national, on vous dit.
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