Nos 2 BD du moment: un conte néolithique de Nicolas Puzenat et un ouvrage pour lutter contre le sans-abrisme

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le conte néolithique Aux soirs de grande ardeur de Nicolas Puzenat et Un petit expresso sans sucre d’Abdel de Bruxelles et Alexandre de Moté vendue au profit de l’asbl L’Ilot: voici notre sélection BD.

Aux soirs de grande ardeurde Nicolas Puzenat

Le Lombard, 112 p.

3,5/5

L’histoire de Manakor la servante se déroule il y a environ 4.000 ans dans le sud-est de l’Europe. Les nomades ont cédé presque partout du territoire aux sédentaires. Cette révolution a amené son lot de nouveautés –la hiérarchie, les inégalités sociales, la convoitise…– mais n’a pas encore rompu pour autant avec les vieilles superstitions et un certain obscurantisme, toujours utile pour maintenir un certain ordre social. Ici, dans la cité de Miril, chacun traîne ainsi sa «chuchoteuse» avec lui, soit l’esprit généralement malfaisant d’un aïeul qui influence en permanence le quotidien. Un quotidien bientôt bouleversé par le Grand Incendie qui menace et ravage tout sur son passage. Manakor et l’esprit de sa grand-mère vont alors fuir, redécouvrir le nomadisme et peut-être s’affranchir de toutes ces chaînes, spirituelles ou très concrètes, qui l’entravaient jusqu’ici. Et puis il y a son amour pour Kaal, l’impétueux cuisinier qu’elle servait, qu’elle suit et qui jusqu’ici n’en avait rien à fiche d’elle malgré les philtres d’amour que lui faisait préparer sa grand-mère, plus Tatie Danielle que Super Nanny…

Nicolas Puzenat prend toutes les libertés du conte dans Aux soirs de grande ardeur.

Le presque grand public a découvert l’univers profondément original de Nicolas Puzenat il y a quatre ans avec Mégafauna (chez Sarbacane), une uchronie et un roman graphique qui voyaient l’homme de Néandertal survivre et se partager le monde avec nous, les Sapiens. Puzenat prend cette fois toutes les libertés du conte pour raconter une histoire d’amour et d’émancipation sur fond de néolithique, tout en y inventant un ensemble de croyances et de rites aussi originaux que son dessin. Un dessin d’un réalisme autodidacte, parfois un peu statique, mais souvent saisissant lorsqu’il représente les forêts primitives et la destruction par le feu. Ce dessin, en tout cas assez unique, n’efface pourtant pas l’approche profondément littéraire, un brin bavarde et maniérée, de cet ancien prof. Si l’ensemble dégage une qualité et une originalité bienvenues, cette Grande ardeur plus lumineuse que crépusculaire nous a parfois perdu dans son abondance de dialogues, de digressions et de thèmes.

Un petit expresso sans sucred’Abdel de Bruxelles et Alexandre de Moté

Edité au profit de l’asbl L’Ilot. 32 p. En commande sur www.ilot.be

3,5/5

Stéphane n’a pas l’allure qu’on prête aux SDF. Stéphane est quadragénaire, il travaille (il est indépendant et menuisier), a un enfant, des revenus, un portable et même une camionnette… dans laquelle il dort pourtant depuis des mois. Un divorce, le Covid, une faillite, et c’est le décrochage. Stéphane, désormais, est à la rue et n’a bientôt plus les moyens de se payer, à la gare du Midi, ce petit expresso sans sucre qui le faisait tenir chaque matin.

Une bonne âme va cette fois le lui offrir, en même temps que le prospectus d’une association, l’asbl L’Ilot, qui propose accueil d’urgence, hébergement temporaire, formation et même logement. Pour poursuivre ses missions et sa lutte contre le sans-abrisme, L’Ilot a grandement besoin qu’on lui achète cette bonne BD éclairante, réalisée par deux valeurs sûres de la bande dessinée contemporaine et bruxelloise, probablement vite collector.

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