La galerie Champaka, à Bruxelles, expose les dessins de Serge Clerc, pour une plongée rock dans les années 1980.
C’est un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, ou du moins n’ont pas vécu. Celui où la bande dessinée, jusque-là pour enfants, et la musique, jusque-là pour parents, fusionnaient dans une même culture underground, cette fois réservée aux jeunes gens modernes. Le temps béni de la «BD rock» et des punks qui délaissaient l’épingle à nourrice pour le costume cintré, un Métal Hurlant dans une main, un The Face dans l’autre, et un vinyle sous le bras. Dans ce début des années 1980, Serge Clerc en fut l’un des plus illustres représentants, présent à la fois dans Métal avec ses séries Rock City ou Phil Perfect, mais aussi avec des illustrations dans le français Rock&Folk, l’anglais New Musical Express, et même le japonais Player.
Ce sont ces dessins-là, originaux à l’encre de Chine ou impressions pigmentaires en grand format et tirage limité (sauf erreur, il n’y en a déjà plus), envoyés souvent spontanément par Serge Clerc aux rédactions de magazines musicaux en fonction de ses propres nuits dans les boîtes ou en concert, qui sont à admirer jusqu’à la fin du mois à la galerie Champaka, dans le quartier huppé du Sablon, à Bruxelles. L’occasion de se replonger dans une époque et une ambiance, mais aussi de redécouvrir le travail de graphisme, de typographie et de trames de Serge Clerc, artiste complet qui aura marqué la décennie de sa «ligne claire moderne», à l’instar de Chaland. Une exposition-vente qui résonne par ailleurs avec la sortie de nombreuses BD renouant, un brin nostalgiques, avec la contre-culture musicale. On pense à Candy Superstar (Delcourt), consacré à Candy Darling, muse de Warhol, ou au deuxième tome du volumineux Underground, dans lequel Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog, lui-même rock’n’roller, tirent le portrait de dizaines d’artistes maudits, décalés ou underdogs du rock, de George Clinton à Mike Patton, et de Björk à Betty Davis. Serge Clerc lui-même a vu l’essentiel de son œuvre rééditée en intégrale chez Dupuis. Comme quoi, BD rock is not dead, baby!
Jusqu’au 27 septembre à la galerie Champaka, à Bruxelles.