La Princesse du château sans fin

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Génie de la déconstruction, Shintarô Kago retourne et malmène le médium depuis une bonne trentaine d’années. Exemple de ses excentricités: dans Mystère à Gouttièreville (du recueil Une collision accidentelle sur le chemin de l’école peut-elle donner lieu à un baiser?), Kago installait un gaufrier de six cases blanches et dessinait l’intégralité du récit dans les fameuses gouttières, ces espaces habituellement vides entre les vignettes. Dans La Princesse du château sans fin (réalisé à l’origine pour l’éditeur italien Hollow Press, le livre se présente en sens occidental et format A4), l’auteur s’amuse cette fois avec le montage parallèle. Ici, un château-monde, version condensée du Japon du XVIe siècle, s’étend vers le ciel et se scinde en deux suite à un duel entre le Seigneur Nobunaga et l’un de ses serviteurs: à gauche, le second a vaincu le premier; à droite, c’est l’inverse. Les deux branches du château continuent de s’étendre et, dans ses planches, Kago dessine ces deux possibles en face-à-face. Mais quand ces réalités se mettent à interférer l’une avec l’autre, la BD vire au délire décomplexé, quelque part entre physique quantique, body horror et humour méta. Une sorte de pendant trash-nippon au Julius Corentin Acquefacques de Marc-Antoine Mathieu, rempli d’idées et de vues spectaculaires.

De Shintarô Kago, éditions Huber, 192 pages.

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