La BD de la semaine: une intégrale inédite de Jean Giraud/Moebius

Arzak: Destination Tassilli, une intégrale définitive de l’œuvre de Moebius.
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Une intégrale reprenant une version re-colorisée du tome 1 et des planches inédites du tome 2 d’Arzak de Moebius vient de sortir, et c’est somptueux.

Arzak: Destination Tassilli – Corpus final

De Jean Giraud. Moebius Production, 248 pages.

La cote de Focus: 4,5/5

Découvrir, 50 ans après la création du personnage et 12 ans après la mort de son auteur, une vingtaine de planches inédites et d’innombrables documents de travail réunis dans un splendide ouvrage comblerait d’aise n’importe quel amateur de BD autour d’à peu près n’importe quelle création. Alors, imaginez quand il s’agit de Moebius, et de Arzak! Jean Giraud, alias Moebius, considéré par tous comme l’un des plus grands génies du 9e art, de Blueberry à L’Incal, et Arzak, sa création peut-être la plus étrange, la plus culte et la plus personnelle, apparue dans Métal Hurlant en 1975, et qui actait la mue inédite d’un auteur grand public et réaliste (Jean Giraud dit «Gir»), en un auteur de science-fiction à la plume minérale, en avance sur son temps et ouvert à d’autres états de conscience et de création (Moebius).

Ainsi de Arzak, grande fresque SF cryptique, pensée à l’origine en trois parties, mais dont l’auteur n’aura dessiné que le tome 1 et la moitié du tome 2, resté inachevé après des années des tergiversations autour de son avenir –ce «corpus final» s’achève ainsi sur la lettre que Moebius envoya à Ridley Scott quelques mois avant sa mort, avec une première ébauche d’adaptation ciné.

Cette intégrale définitive reprend ainsi une version re-colorisée du tome 1, mais aussi, surtout!, une vingtaine de planches inédites du tome 2, réalisées à l’encre de Chine, qui démontrent s’il le fallait que Moebius n’avait vraiment rien perdu de sa vista graphique, de son sens de la composition et de son imaginaire, incroyablement fertile.

La dernière partie de ce superbe ouvrage reprend une multitude d’archives et de travaux du maître (carnets, notes, ébauches…) laissant deviner l’arc scénaristique qu’il entendait donner à ce personnage né «par un simple dessin exécuté presque sur un coin de table, sans idée préconçue autre que celle de planer un moment au-dessus d’une page blanche». Alors faites comme lui, enfourchez le ptérodelphe et repartez à la découverte de Arzak l’arpenteur, être mi-terrestre, mi-extraterrestre condamné à l’errance et au silence dans les mondes de Tassilli.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content