Critique | BD

La BD de la semaine: Shadi, retour sur l’explosion du vol PS752 en 2020

Shadi, trois dessinateurs et trois regards sur une même tragédie. © Editions Çà et Là
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Dans Shadi, trois dessinateurs impliqués par le drame racontent l’explosion du vol PS752 au-dessus de Téhéran, son contexte et ses conséquences.

Shadi – Une histoire du vol PS752

de Shaghayegh Moazzami, Mana Neyestani et Touka Neyestani

Editions Çà et Là, 208 pages.

La cote de Focus: 4/5

Le 8 janvier 2020, le vol ukrainien PS752 à destination de Toronto explosait au-dessus de Téhéran, quelques minutes après son décollage. Il faudra plus d’une semaine au régime iranien pour admettre l’impensable face aux preuves devenues rapidement irréfutables: l’avion a été abattu par erreur par deux missiles iraniens qui auraient confondu l’avion civil avec un missile américain (!), dans un moment de grande tension géopolitique entre l’Iran des Mollah et l’Amérique de Trump.

A bord du Boeing se trouvaient 176 passagers, dont une femme enceinte de sept mois et demi, et Shadi. Shadi, la future épouse de Nima, la presque belle-fille de Touka, la presque nièce de son frère Mana, et l’amie de Shaghayegh. Mana habite à Paris, Touka et Shaghayegh vivent en exil au Canada. Tous les trois sont dessinateurs. Touka Neyestani est un célèbre caricaturiste de presse, son frère cadet Mana a publié de nombreux récits chez Çà et Là –dont le déjà bouleversant Oiseaux de papieroù Shaghayegh Moazzami a publié ses premiers récits graphiques –Hantée et Les Coquelicots de Ridgewood. Tous les trois ont joint leur plume et leur expérience personnelle pour raconter ce drame.

Trois ressentis, trois manières de raconter parfois très différentes, qui se succèdent avec beaucoup de fluidité et, forcément, beaucoup d’émotion. Shadi mêle ainsi la grande histoire des exilés iraniens et l’infiniment intime des proches des victimes –toujours en attente d’un procès et d’un minimum de justice. Un récit à trois voix décliné en noir et blanc, dans lequel la couleur, rare, n’intervient que pour souligner la colère ou l’espoir, et où l’âme persane se laisse approcher, même des profanes –la poésie y côtoie parfois merveilleusement la tragédie.

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