Avec Muséum, le Bruxellois Eric Lambé (Fauve d’or à Angoulême en 2017 pour Paysage après la bataille) emmène le lecteur dans les méandres de sa pensée.
Muséum
d’Eric Lambé. Editions FRMK, 124 pages.
La cote de Focus: 4/5
«Joue avec moi», propose d’emblée Eric Lambé au lecteur qui se présentera à l’entrée de son musée mental. Un trou de porte, une lune, un renard, une petite maison en fond de jardin, de la fumée de cigarette… Une succession d’association d’idées et d’images, fortes, troublantes, uniques, mêlant aquarelles et encres pigmentaires dans laquelle l’auteur déambule mais ne erre pas. Des images surgissent, des fragments de son intimité, de ses vieux dessins ou de ses références artistiques et esthétiques: une oreille, un coquillage ou un coton-tige issus de sa propre collection, des références à Desportes, à Giotto, à Magritte, à Duane Hanson. Et puis, des souvenirs qui surgissent, comme ce musée, comme cet homme qui dort sur les marches du musée, et puis ces bribes de conversations iniques qui le rendent «irréductiblement étranger au monde»…
Avec beaucoup de beauté et de pudeur, mais aussi beaucoup de mélancolie, le Bruxellois offre une visite de son imaginaire tour à tour abstraite ou labyrinthique, mais où il sera évidemment bien plus question de ressentir que de comprendre. Un Muséum et un très beau livre hors norme, évidemment, édité par Fremok, là où Lambé mène la plupart de ses expérimentations graphiques et narratives depuis plus de 20 ans, très loin du mainstream, tels Botanike Comics, Paysage après la bataille (Fauve d’or à Angoulême en 2017) ou son incroyable Fils du roi, grand format d’une impressionnante beauté formelle publié en 2012 et entièrement réalisé au stylo à bille bleu. Epuisé depuis longtemps, il ressort aujourd’hui dans une nouvelle édition, parallèle à ce Muséum. Double occasion de ne plus passer à coté de Lambé, grand artiste contemporain et belge de la bande dessinée.
