L’auteur finlandais Kimmo Lust raconte dans La Boucle le chemin de croix de Nipsou, fille de mère célibataire et alcoolique.
La Boucle
De Kimmo Lust, éditions Glénat, 168 pages.
La cote de Focus: 3,5/5
En Finlande, «on estime qu’entre 65.000 et 70.000 jeunes de moins de 18 ans ont au moins un parent souffrant d’alcoolisme». Un mal qui a probablement pourri l’enfance de l’auteur Kimmo Lust, qui fait ici un pas de côté de son travail autobiographique (jusqu’ici inconnu en français), traitant des troubles psychiatriques et des maladies mentales, pour porter le témoignage, glaçant, d’une autre enfant devenue adulte: Nipsou.
Celle-ci grandit dans les années 1990 aux côtés d’une mère célibataire alcoolique, incapable de s’occuper d’elle-même, et encore moins de son enfant. On va la voir grandir depuis ses 8 ans et cette première fois où elle essaie en vain de réveiller sa mère, à coups de courts chapitres comme autant de stations à son chemin de croix: les terreurs nocturnes, la solitude, la faim, le harcèlement scolaire, puis la colère, l’automutilation, les expériences à risque, le dégoût de soi… Jusqu’au départ et aux bonnes décisions pour, enfin, se libérer de cette maison et de cette mère qu’elle ne sauvera pas contre son gré.
Kimmo Lust, dont l’approche narrative et graphique se réfère plus aux fanzines alternatifs de Tommi Musturi qu’aux mignons Moumines de Tove Jansson, fait sensation avec cette Boucle, élue meilleure bande dessinée finlandaise il y a deux ans. Le roman graphique parvient à nous faire soutenir l’insoutenable grâce au dessin presque mignon de son auteur, avare de mots mais qui pourtant en dit long. «Si mon livre encourage ne serait-ce qu’une seule personne à aider un enfant ou une jeune fille dans le besoin, j’aurai atteint mon objectif», déclare-t-il. Un album on ne peut plus contemporain, tant dans la forme que le fond, et dont on ne sort pas indemne.
