La BD de la semaine: Démontagner, ode au pastoralisme à découvrir d’urgence

Maxim Cain est à la fois berger et dessinateur. Dans Démontagner, il raconte une transhumance dans les Pyrénées ariégeoises.

Ce 15 juin, Maxim Cain marche avec les éleveurs et leurs troupeaux, qui bientôt se sépareront. «On transhume depuis les fermes dans la vallée jusqu’à l’estive du Mont-Rouch, dans les Pyrénées ariégeoises. Soixante kilomètres en quatre jours.» Le début d’une longue transhumance qu’il vivra jusqu’en octobre, comme chaque année, à l’automne, depuis dix ans. Des centaines de brebis, avec lesquelles il traverse les montagnes. «Sans y penser, j’ai mis dans ma posture, ma voix et mon regard quelque chose de pesant et sombre. Une version de ce que je crois voir chez les hommes qui m’entourent. Une démarche déterminée, des phrases courtes et définitives. C’est un message, une promesse de brutalité.»

Et surtout, la naissance d’un grand album: pendant 136 pages menées uniquement à la plume et à l’encre de Chine, ce berger dessinateur, ou le contraire, raconte, sans pathos ni fioritures, la nature, la solitude, les aléas du troupeau, le chien, la brume, les attaques d’ours, les amitiés, la peur, les soins, la mort souvent, et puis, ce décalage entre «la vie d’en bas et celle d’en haut», mais aussi entre l’incroyable amplitude de l’espace et la petitesse de sa réclusion sociale. Un récit rare, aussi singulier que le trait et la graphie souvent formidables de son auteur. On avait découvert Maxim Cain et ses troupeaux dans l’excellentissime fanzine Bento, on le redécouvre dans un bel écrin en grand format, que son sens de la composition et du noir et blanc occupe à merveille. Une ode sans clichés ni naïveté au pastoralisme et à ceux qui le pratiquent encore, même s’ils n’y trouvent que rarement la fuite ou le refuge espérés. Certains en reviennent heureusement avec un récit et des dessins, tous saisissants, à découvrir d’urgence.