Critique | BD

La BD de la semaine: décrypter l’affaire des viols de Mazan

Une vingtaine d’auteurs et de spécialistes se sont réunis pour réaliser cet ouvrage sur l’affaire des viols de Mazan.
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Notre affaire, une BD de combat et d’espoir

Collectif. Editions L’Iconoclaste, 344 pages.

La cote de Focus: 4/5

C’est un document plus qu’une BD; 344 pages suffocantes, difficiles à lire, et qui ne feront plaisir à personne. Mais comment faire autrement quand on revient, en long, en large et en profondeur sur «l’affaire des viols de Mazan»? Ce procès ultramédiatisé de Dominique Pelicot et ses 50 coaccusés qui, neuf ans durant, ont violé l’épouse du principal accusé, droguée. Gisèle Pelicot, devenue à son corps défendant une héroïne féministe pour avoir refusé le huis clos, et ainsi espérer que «la honte change de camp». Un an après, une vingtaine d’auteurs et de spécialistes, sous la direction de deux journalistes, se sont mobilisés pour qu’il y ait, vraiment, «un avant et un après Mazan».

En revenant sur les faits, sur le procès, mais aussi sur le caractère systémique des violences sexuelles et en décryptant autant que faire se peut comment des hommes «normaux» ont pu en arriver là. On redécouvre ainsi, la boule au ventre, l’effroyable banalité des bourreaux, que Gisèle Pelicot croisait pour beaucoup tous les jours dans la rue, et qui tous, sous les traits inspirés de Hippolyte, Florence Dupré la Tour, Coco, Zac Deloupy ou Nine Antico, nous ressemblent. «Notre but n’est pas de souligner l’horreur du procès mais de montrer que les solutions existent, et qu’il nous reste du pain sur la planche.» Beaucoup de pain, et un livre hélas nécessaire.

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