La BD de la semaine | Les Nouvelles Aventures de Lapinot – t.6 : Par Toutatis de Lewis Trondheim
Lewis Trondheim, éditions L'Association
Les Nouvelles Aventures de Lapinot - t. 6: Par Toutatis!
48 pages
Lewis Trondheim parodie Astérix. Un album très drôle, une idée presque logique ou une initiative commerciale presque mortifère, selon les regards.
Bom! «Aïe! Qu’est-ce que je fais là?» Quatre cases, une forêt et c’est parti: Lapinot se retrouve dans le corps d’Astérix! Pas possible de se tromper: son accoutrement (le pantalon rouge, la liquette noire, la ceinture jaune et vert et le casque ailé) est un indice, l’apparition d’Obélix (et d’Idéfix) en est un autre. Même si Lapinot sait qu’il n’est pas vraiment le célèbre guerrier gaulois, Obélix voit «son» Astérix et ne comprend pas la confusion de son camarade.
Bref, c’est tout pile-poil comme dans les vrais albums d’Uderzo et Goscinny que Lapinot connaît par cœur. Sauf qu’on n’est plus dans une bande dessinée mais dans la réalité de Lapinot (on se comprend). Quand on arrache ici la tête d’un Romain, ça gicle, ça meurt et ça ne fait plus trop rigoler. Quand son copain Richard le rejoint, planqué, lui, dans le corps du barde Assurancetourix – une histoire d’ions quantiques, laissez tomber –, tous les deux se montrent prêts à en découdre avec Toutatis lui-même! Ou, du moins, avec le type un peu beauf et banal qui s’est présenté au village en prétendant être le dieu celte. Il ne manquerait plus que Panoramix lui file la recette de sa potion magique. Dans le «vrai» monde de Lapinot, l’élixir ferait des ravages plutôt que des bons gags…
Retour aux sources et aux normes
On ne sait pas si Anne Goscinny, désormais unique gestionnaire de la licence Astérix, s’est bidonnée à la lecture de la parodie de Trondheim. En tout cas, elle ne l’a pas interdite, demandant simplement que la couverture ne laisse croire à personne qu’il s’agit là d’un vrai album d’Astérix. Il faudrait être un peu romain pour se laisser prendre, même si Trondheim sait que, grâce à cette seule référence, il s’agira probablement de l’album le plus vendu de sa carrière. Pour rappel, chaque sortie d’Astérix est la plus grosse de l’année BD et se compte en millions d’exemplaires.
Un «coup» malin donc, qui devrait soutenir les caisses de L’Association pour un petit temps. Cela n’empêchera pas les puristes d’y voir une incongruité, presqu’une infamie, dans une maison d’édition qui s’est justement construite sur le rejet des normes et de ce format «48 cc» standardisé, qui enfermait la créativité et dans lequel le patron se répand désormais. D’autres encore y verront une suite logique dans la carrière de Trondheim qui avait déjà rendu hommage à Spirou dans L’Accélérateur atomique, une autre aventure de Lapinot.
Reste l’essentiel, à savoir un album évidemment facile et agréable à lire, forcément plein de références attendues, et qui porte en creux un discours pas idiot sur les rapports entre fiction et réalité ou violence et pouvoir, tout en offrant son comptant de clins d’œil et de calembours. C’est à la fois peu et beaucoup.
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