Critique | BD

BD: Slava T. 1: Après la chute de Pierre-Henry Gomont

4 / 5
© National

Pierre-Henry Gomont, Dargaud

Slava T.1 : Après la chute

104 pages

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© National

Si de ce côté-ci du rideau de fer la chute du communisme fut perçue par une bonne majorité de la population comme une victoire, la réalité de la situation sur place nous a complètement échappé. Entre le départ de Gorbatchev et l’avènement de Poutine, un sombre personnage a détenu les rênes de cet immense pays: Boris Eltsine. Cet homme a permis le démantèlement et le rachat à vil prix de la majorité des fleurons de l’industrie, rachetés par quelques opportuns qui avaient bien compris le nouveau système: les oligarques étaient nés. Pendant ce temps, la population crevait de faim, privée d’un État nourricier qui, pendant 70 ans, avait certes considéré son peuple comme un enfant, mais lui proposait, à défaut de le laisser penser par lui-même, un accès au logement et à la nourriture. Loin de l’opulence occidentale, les Russes ont dû se débrouiller. Dans une révolution, les meneurs ne sont généralement pas ceux qui récoltent les fruits du changement, c’est plutôt dans l’ombre que se partage le gâteau. Si Slava et Lavrine, les deux protagonistes de cette BD, ne sont pas en haut de l’échelle, ils ont l’entregent pour atteindre le haut du panier tout en détroussant le bas. Mais dans l’affaire qu’on leur propose, il va falloir jouer avec des personnages peu recommandables, au risque d’y laisser des plumes. Commencée avant le conflit qui déchire l’est de l’Europe, cette histoire a été inspirée à Pierre-Henry Gomont par un voyage en Géorgie. Son dessin nerveux et expressionniste rend parfaitement cette ambiance entre chien et loup qui caractérisa les années 90 en Russie.

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