[critique ciné] Goliath: thriller environnemental à l’efficacité avérée et à l’urgence manifeste
Plongée suffocante dans les méandres de l’industrie agroalimentaire et de ses pratiques, l’usage intensif de pesticides avec ses conséquences sanitaires dévastatrices plus particulièrement. Un film décillant, porté par un magistral trio d’acteurs: Emmanuelle Bercot, Pierre Niney et Gilles Lellouche.
L’ombre de scandales divers plane sur Goliath, thriller environnemental que signe Frédéric Tellier (L’Affaire SK1, Sauver ou périr) et plongée suffocante dans les méandres de l’industrie agroalimentaire et de ses pratiques, l’usage intensif de pesticides avec ses conséquences sanitaires dévastatrices plus particulièrement. Cette réalité, le réalisateur l’embrasse dans un récit à trois voix. Soit, par ordre d’apparition, Patrick (Gilles Lellouche), avocat solitaire et pugnace spécialisé dans le droit environnemental, Mathias (Pierre Niney), lobbyiste roué et agile ayant l’oreille des puissants, et France (Emmanuelle Bercot), une monitrice de sport devenue activiste malgré elle après que son compagnon a contracté un cancer suite à son exposition à la tétrazine. Trois destins que le film va croiser en un crescendo de tension alors que Phytosanis, la société produisant le pesticide, met tout en oeuvre et plus encore pour obtenir le prolongement de sa licence auprès de la Commission européenne, quand bien même la nocivité du produit a été établie -la sacro-sainte rentabilité ne s’encombre pas d’états d’âme.
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S’appuyant sur une dramaturgie classique et efficace portée par un trio d’acteurs investis (auxquels il faut ajouter Marie Gillain, Jacques Perrin ou Laurent Stocker, actant un ancrage dans une réalité chorale), Frédéric Tellier signe un thriller ayant aussi le don de déciller si besoin en était. Soigneusement documenté, Goliath éclaire d’une lumière blafarde la logique à l’oeuvre dans une industrie où les intérêts économiques l’emportent sur les notions de justice et de santé publique. Le constat est sans appel, qui évoque à divers égards un jeu de dupes – le pot de terre contre le pot de fer? -, ce qui n’empêche pas le film de vibrer d’une belle énergie, comme en rempart contre le désespoir – un registre dans lequel excelle Emmanuelle Bercot, visage d’un combat plus vaste. Si l’ensemble semble tendu vers un inéluctable embrasement, Tellier veille toutefois à parsemer son propos de plans, quasi contemplatifs, d’une nature qui nous entoure de sa souveraine beauté. Manière de rappeler ce qui est aussi en jeu; il n’est peut-être pas trop tard, mais il est plus que temps…
De Frédéric Tellier. Avec Pierre Niney, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot. 2 h 02. Sortie: 09/03. ***(*)
Lire aussi notre entretien avec Frédéric Tellier.
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