À glisser sous le sapin: les idées cadeaux de la rédaction
Besoin d’inspiration pour ravir la famille et les amis? La rédaction de Focus Vif vous a concocté la hotte culturelle idéale pour les fêtes de fin d’année.
Livres, BD, musique, DVD, Blu-ray, jeux vidéo… Focus Vif vous souffle ses idées cadeaux.
Barbie (steelbook)
Distribué par Warner. Prix: environ 35 euros.
Avec ses vertigineux revenus de 1,4 milliard de dollars, Barbie, le troisième long métrage piloté en solo par Greta Gerwig (Lady Bird, Little Women), a été l’incontestable triomphateur de l’été cinéma, devenant notamment au passage le plus grand succès au box-office jamais enregistré par la Warner et le film le plus rentable réalisé par une femme de l’Histoire. Démarrant au cœur du paradis matriarcal plastifié de Barbieland à la manière d’une irrésistible satire de comédie musicale mêlant disco et fantasy à la Xanadu, le film épate d’emblée par la drôlerie et l’inventivité de l’univers qu’il déploie. Bourré jusqu’à la gueule de chouettes idées narratives et de trouvailles visuelles, il déjoue avec beaucoup de malice le piège du vulgaire produit publicitaire déguisé en sucrerie pop en alignant les gags ravageurs empreints de critique sociale. Ses outrances kitsch revendiquées finissent pourtant par s’essouffler dans le cadre plus réaliste d’un monde humain où Gerwig pèche par excès de didactisme et cède trop souvent aux sirènes d’une fable morale aux envolées émotionnelles peu convaincantes. C’est au fond dans sa dimension purement comique que Barbie reste une vraie réussite, carburant à une joyeuse mécanique de dérèglement dopée aux fascinants délires chorégraphiés à la Busby Berkeley. Élégamment coffré dans un Blu-ray steelbook (forcément) rose flash, le film s’y accompagne en bonus de six featurettes consacrées à des éléments-clés de son succès (casting, décors, vêtements, séquences chorégraphiées…). (N.C.)
Série Noire Classique
Éditions Gallimard. Prix: 13 euros le livre.
Il n’est jamais trop tard pour connaître ses gammes: la Série Noire a entamé depuis deux ans la réédition, au rythme de six titres par an et dans un format “semi-poche”, des grands classiques de son énorme catalogue de polars et de romans noirs. De sortie pour les fêtes, La Dame dans le lac et Le Grand Sommeil de Raymond Chandler, avec une nouvelle traduction. Du petit-lait dans le champagne. (O.V.V.)
Meet Me in the Bathroom
De Lizzy Goodman, éd. Rue Fromentin, 658 p. Prix: 29 euros.
Adapté l’an dernier en documentaire, l’ouvrage Meet Me in the Bathroom revient sur la scène musicale indé née à New York au début des années 2000. Avec en tête de gondole bien évidemment les Strokes, figure de proue d’une vague de groupes qui, des Yeah Yeah Yeahs à Interpol en passant par LCD Soundsystem ou Vampire Weekend, ne partageront jamais vraiment une même esthétique sonore, mais vont secouer une ville que les années 90 avait fini par plonger dans l’apathie. Présente au moment des faits, la journaliste Lizzy Goodman propose une histoire orale touffue, mais parfaitement remontée, faisant à la fois le portrait d’une ville et de ses musiciens. L’un des bouquins rock les plus passionnants de ces dernières années enfin traduit en français. (L.H.)
Succession (l’intégrale)
Distribué par Warner. Prix: environ 60 euros.
Grandiloquence maniaque qui frise volontairement le grotesque voire le grand-guignol pur, jeux de pouvoir carnassiers, cynisme outrancier, cruauté exacerbée, vulgarité sur-dialoguée… La série HBO de Jesse Armstrong a des allures de tragédie familiale aux accents shakespeariens prononcés, doublée d’un freak show moral permanent aux jouissifs excès. Produit par Adam McKay (The Big Short, Vice, Don’t Look Up), qui en a également défini la charte graphique, l’objet s’intéresse en mode crevage d’abcès aux rivalités qui grondent chez les Roy, clan new-yorkais emmené par un patriarche tyrannique à la tête d’un puissant conglomérat médiatique. Procédant notamment par zooms rapides et signifiants, son ambitieuse mise en scène rend bien l’idée d’un Stratego géant au cours duquel chacun tente désespérément de placer ses pions. Succession n’a aucun sens de la mesure, et c’est précisément pour ça qu’on l’aime. Ses quatre saisons sont aujourd’hui coffrées dans une intégrale massive qui en impose. (N.C.)
Breakdowns
D’Art Spiegelman, éditions Flammarion, 88 pages. Prix: 25 euros.
Aux origines de l’auteur sans doute le plus important de la bande dessinée américaine! Breakdowns, édité pour la première fois en français en 1978, rassemble en effet les premiers travaux d’Art Spiegelman, bien avant Maus. Un “must have” et un ensemble joyeusement foutraque de récits déjà radicaux et révolutionnaires, précédés cette fois d’une longue autobio. (O.V.V.)
Histoire de l’art pour tous
De Nadeije Laneyrie-Dagen, éditions Hazan, 564 pages. Prix: 39,95 euros.
Professeure d’Histoire de l’art à l’École Normale Supérieure, Nadeije Laneyrie-Dagen a plusieurs ouvrages pédagogiques à son palmarès -on pense en particulier à l’excellent Lire la peinture paru chez Larousse. Bonne nouvelle, Hazan relance la version grand format de son indispensable Histoire de l’art pour tous. Cette somme pour petits et grands se distingue par une grande fluidité de lecture permettant des allers et retours entre le texte, les commentaires et les images. Un outil idéal pour avoir une vision synthétique de l’Histoire de la création plastique. (M.V.)
Green Day – Dookie 30th Anniversary
Distribué par Reprise/Warner. Prix: de 60 euros (CD) à 215 euros (vinyles, édition limitée).
Ça a été l’un des disques de chevet (pas spécialement idéal pour s’endormir, j’en conviens) de la génération MTV/Fun Radio période Doc et Difool. Paru en 1994, Dookie, le troisième album de Green Day, est aussi celui de la consécration pour la turbulente bande à Billie Joe Armstrong. Porté par l’incontournable Basket Case, Longview, Welcome to Paradise ou encore When I Come Around, Dookie a connu un succès commercial inattendu (plus de 20 millions d’exemplaires écoulés à travers le monde) et remporté le Grammy Award du meilleur album de musique alternative. Pour son trentième anniversaire, la bête est ranimée dans des versions six vinyles et quatre CD. Avec des démos et du live en partie inédits. Mais aussi un paquet de goodies allant de la carte postale au désodorisant pour voiture en passant par les badges, le poster, une grande feuille aimantée découpée en baisers, un avion en papier, un autocollant pour bagnoles ou encore un rouleau de sacs à déjections canines. Le trio de Berkeley (Californie) a toujours eu le sens de l’humour. Un cadeau très… cool pour les grands ados des années 90. (J.B.)
Sapiens – t. 3: Les Maîtres de l’Histoire
De David Vandermeulen, Daniel Casanave, Yuval Noah Harari, éditions Albin Michel, 262 pages. Prix: 24,90 euros.
Après La Naissance de l’humanité et Les Piliers de la civilisation, voici Les Maîtres de l’Histoire, soit le troisième volet de l’adaptation en BD du phénomène Sapiens, devenue elle-même phénomène, vu son succès et la qualité de l’ensemble en termes de vulgarisation mais aussi de narration graphique, à la hauteur de son médium. Une plongée, cette fois, dans ces 5 000 dernières années sous l’angle de l’unification des humains dans un grand “nous” dicté par la politique, le commerce et la religion, remixé ici dans un grand jeu télé plein de références pop, avec ses recalés et ses favoris (Lady Empire, Captain Dollar et Skyman!). Une synthèse scientifique à la fois drôle, grand public, passionnante et bien faite. Difficile de faire mieux comme combo. (O.V.V.)
Coffret Blackwater
De Michael McDowell, éditions Monsieur Toussaint Louverture, six volumes, environ 1 200 pages. Prix: 69,50 euros.
L’Américain Michael McDowell a du attendre 40 ans pour voir sa saga fantastico-familiale en six tomes enfin traduite en français, mais ça valait la peine de patienter: après en avoir fait un vrai succès de librairie, son éditeur, Monsieur Toussaint Louverture, lui consacre désormais un coffret, beau comme une rivière en crue, telle la Blackwater en Alabama. Outre les six volumes de la saga, s’étalant de 1919 à 1969 et traversant toutes les grandes heures de l’Histoire américaine, cette série limitée et chiadée contient cinq cartes postales, un sticker, un marque-page et… un écusson du “Blackwater Fishing Club”, “goodies” ultime des nerds intellos! (O.V.V.)
The Last of Us (steelbook)
Distribué par Warner. Prix: environ 45 euros.
Série sans doute la plus événementielle à avoir vu le jour en 2023, l’adaptation du célèbre jeu vidéo The Last of Us a déchaîné les passions en concentrant ses enjeux autour d’un tandem atypique de survivants plongé dans un monde post-apocalyptique. Elle s’offre aujourd’hui en Blu-ray steelbook dans une rutilante édition limitée collector bourrée de suppléments: featurette inédite, discussion scientifique autour de la réalité du champignon envahisseur, explications sur le travail d’adaptation… (N.C.)
L’Incroyable Périple de Magellan
De François de Riberolles et Ugo Bienvenu, éditions Denoël, 192 pages. Prix: 42 euros.
Cet ouvrage en 800 images pleines de souffle et d’embrun retrace le plus grand exploit maritime de tous les temps. Adapté de la minisérie Magellan signée par les mêmes auteurs et diffusée l’année dernière sur Arte, ce superbe récit illustré et son format à l’italienne immergent littéralement le lecteur dans cette épopée menée durant trois ans au début du XVIe siècle par le navigateur portugais. Épopée tragique: des 237 marins partis à l’aventure, seuls 18 reviendront. (O.V.V.)
Massacre à la tronçonneuse (coffret ultra collector)
Édité par Carlotta. Prix: environ 60 euros.
Chef-d’œuvre absolu du cinéma d’horreur, Massacre à la tronçonneuse n’a rien perdu de son violent parfum de soufre aux accents éminemment politiques. Il se redécouvre aujourd’hui dans un somptueux coffret ultra collector riche de plus de 9 heures de suppléments passionnants. Parmi ceux-ci, une conversation au long cours entre Tobe Hooper et William Friedkin, ainsi qu’un documentaire qui revient en détail sur la série de faits divers qui l’ont inspiré. Mais l’ensemble s’accompagne également d’un livre d’une érudition folle signé par Jean-Baptiste Thoret: Une expérience américaine du chaos. (N.C.)
Gatsby le magnifique
De Francis Scott Fitzgerald, éditions Gallmeister (collection Litera), nouvelle traduction de l’anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos, 280 pages. Prix: 30 euros.
Quoi, encore une nouvelle traduction du roman culte de Francis Scott Fitzgerald? Depuis 1925 et sa parution (sans grand succès jusqu’à la mort de l’écrivain en 1940), on en compte pas moins d’une petite dizaine, dont celle de Michel Tournier pour Le Livre de Poche. Le mérite de cette version signée Jacques Mailhos? Revenir au texte, à son charme vénéneux, et se parer de beaux habits: livre toilé, reliure cousue et coffret élégant. Un objet chic qui sied parfaitement à ce portrait vaporeux et tragique d’un idéaliste se prenant les pieds dans le tapis d’une (haute) société cynique et décadente. (L.R.)
La Disparition
Disponible sur ladisparition.fr. Prix: 6,50 euros l’unité; abonnements à 11 euros par mois.
Sous forme de lettres bimensuelles, La Disparition s’interroge sur les changements d’un monde à repenser et les libertés à préserver. En vous abonnant, vous recevez un long récit à propos d’un constat d’absence inattendue ou prévisible (métiers désuets, dissolution de certaines luttes, biotopes menacés par le réchauffement climatique, etc.). En bonus: un nota bene pour prolonger la réflexion, une carte postale et des mots croisés. (A.R.)
1990-1999, une décennie de rap français
Par L’Abcdr du son, éditions Marabout, 256 pages. Prix: 39 euros.
Chaque musique connaît son âge d’or. Avec un peu de chance, elle peut même en traverser plusieurs. Prenez le rap francophone. Ces dernières années, il a connu une période particulièrement faste. Mais ce n’est évidemment pas la première. Dès les années 90, le genre explose et impose ses premiers classiques. C’est sur cette première décennie dorée que revient le nouvel ouvrage de L’Abcdr du son. Il y a quatre ans, le média web, adepte de l’analyse et des longs formats, avait déjà sorti l’excellent L’Obsession rap. En se penchant sur les “golden nineties”, il continue son travail de documentation aussi méticuleux que passionné. Ce sont ainsi quelque 200 disques qui sont passés en revue, quasi année par année. Pas forcément “les 200 meilleurs non, même si nous avons la prétention de penser que les plus réussis y sont”, mais ceux qui ont le plus marqué cette culture. À côté des incontournables -de IAM à MC Solaar, de NTM à Doc Gynéco, d’Oxmo Puccino à Ärsenik-, l’Abcdr éclaire ainsi une série de disques moins connus -de Dontcha à K II Conscience. En prenant l’un ou l’autre chemin de traverse -via les beatmakers, les DJ ou les genres voisins. Et en n’oubliant pas non plus de faire un détour par la Belgique (et la Suisse). Incontournable. (L.H.)
Sonic Origins Plus
Édité par Pix’n Love. Disponible sur Nintendo Switch et PlayStation 4/5. Prix: 79,90 euros.
Cette rentrée, Super Mario Bros. Wonder est revenu au-devant de la scène face à Sonic Superstars. Le tout pour raviver le duel historique et légendaire de ces deux mascottes. Les Français de Pix’n Love entretiennent les hostilités en consacrant une très belle rétrospective au hérisson bleu sur Sonic Origins Plus. Regroupant les quatre premiers volets sortis sur Megadrive et Mega CD, cette édition collector a le chic de se compléter de douze épisodes et spin-off sortis sur Game Gear. Amy et Knuckles comptent parmi les nouveaux personnages jouables tandis qu’un nouvel affichage plein écran et un mode miroir complètent (notamment) cette émulation inspirée. Le coffret physique n’est pas en reste puisqu’il abrite un fourreau, une jaquette réversible et un artbook inédit d’une centaine de pages. Coiffée d’un certificat numéroté, cette édition collector inclut également une plaque acrylique, quatre lithographies et une boîte cartonnée sérigraphiée. Un solide hommage, donc. (M.-H.T.)
Blow Books
13 titres disponibles via un distributeur automatique à la Galerie Bortier (Bruxelles) ou sur www.blowbook.be. Prix: 5 euros.
Que vous soyez membre d’une famille nombreuse recomposée ou invité de dernière minute, le Blow Book est le cadeau idéal. Pour la modique somme de 5 euros, vous accédez à toute heure du jour et de la nuit, grâce à une vending machine, à une BD qui se glisse dans la poche, véritable “culture artisanale non périssable”. Libre à vous d’offrir toute la collection (13 titres): vous ferez un beau cadeau et une bonne action en aidant des auteurs (et un éditeur) bruxellois. (C.B.)
Face au visage, XX-XXIe siècle
D’Itzhak Goldberg, éditions Citadelles & Mazenod, 240 pages. Prix: 69 euros.
Quelles sont les promesses d’un visage? Pour Emmanuel Levinas, cette surface de peau est avant toute chose une voie d’accès royale vers la vulnérabilité d’un individu. Le philosophe français n’a d’ailleurs pas eu son pareil pour nous faire mesurer la sacralité de cette partie du corps. On ne peut pas croire un instant qu’Itzhak Goldberg n’ait pas été profondément inspiré par l’auteur de Totalité et infini. Comment expliquer autrement l’intelligence et la sensibilité avec lesquelles il aborde le sujet dans cet ouvrage explorant les multiples facettes de la représentation du visage dans la peinture au cours des XXe et XXIe siècles. Car il n’est ici aucunement question de confondre “visage” et “portrait” -variation élargie du genre qui offre d’identifier la position sociale du modèle. Non, ici, il s’agit au contraire d’une odyssée au cœur du mystère que représentent deux yeux, un nez et une bouche. Goldberg l’aborde par le biais de nombreux artistes qui font et défont les traits pour suggérer la présence: effacés ou recouverts (Giacometti, Artaud, Picasso, Fautrier), inexpressifs (Jawlensky, Malevitch), flous et méconnaissables (Michaud), spectraux (Zoran Music, Boltanski) ou encore sériels (Pop Art et hyperréalisme, Warhol et Chuck Close). Ce rappel des promesses d’un visage n’est pas anodin, il dit combien précieux et uniques sont les traits qui définissent notre humanité. Car se pencher sur la figure n’a rien d’innocent au moment de la dissolution du réel dans l’algorithme. Aujourd’hui, le constat est évident: le visage s’apparente davantage à un enjeu économique et politique majeur qu’à la prise en considération d’une altérité rendant la morale impérieuse. Cet état de fait se découvre comme le résultat d’une évolution paradoxale. Longtemps le sujet s’est battu pour accéder à la représentation. À l’heure du selfie généralisé, il ferait mieux désormais de souhaiter qu’on l’oublie. (M.V.)
Stromae, Racine carrée
Distribué par Universal. Prix: de 42 euros (édition CD) à 170 euros (double vinyle).
Il y a tout juste dix ans, Stromae sortait Racine carrée. Son Thriller à lui, disque aux multiples hits, qui allait bouleverser toute la scène musicale francophone et essaimer jusqu’à l’international, USA compris. L’album-clé ressort aujourd’hui dans une édition anniversaire. Tous les tubes sont évidemment là, de Papaoutai à Formidable, en passant par Tous les mêmes. Pour le reste, aucun inédit ou autre remix à se mettre sous la dent. Mais bien un packaging et un épais livret-souvenir. (L.H.)
Coffret Le Passager / Stella Maris
De Cormac McCarthy, éditions de L’Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Serge Chauvin et Paule Guivarch, 800 pages. Prix: 46 Euros.
Ce fut un événement: non pas un, mais deux nouveaux romans de Cormac McCarthy, quinze ans après La Route. Le Passager, puis Stella Maris, son préquel, ont été publiés l’un à la suite de l’autre, à peine plus d’un mois avant la mort de l’auteur. Le Passager conte d’une prose aride l’histoire de Robert Western, ex-pilote automobile désormais plongeur en haute mer, amoureux de sa sœur schizophrène, Alicia, dont on apprend le suicide dès les premières pages. Il y est question d’un avion englouti sous les flots duquel un passager manque à l’appel; mais aussi de mathématiques, de physique quantique, de philosophie… Stella Maris, situé dix ans auparavant, est lui centré sur Alicia, alors internée volontairement dans un établissement psychiatrique. Composé uniquement de dialogues entre Alicia et son psychiatre, il n’apportera pas les réponses à toutes les questions posées dans Le Passager, mais en éclaircira quelques zones d’ombre. La lecture aussi déroutante que fascinante de ce diptyque constitue une expérience rare. Le legs sans précédent d’un immense écrivain. (M.R.)
Agnès Varda
De Laure Adler, éditions Gallimard, 296 pages. Prix: environ 30 euros.
Quatre ans après sa disparition, Agnès Varda semble n’avoir jamais été autant présente. Parallèlement à l’expo Viva Varda! que lui consacre la Cinémathèque française, Laure Adler, son amie de longue date, publie un essai biographique richement illustré où elle retrace le parcours d’une artiste dont elle souligne combien “la polyphonie de son œuvre surgit désormais sous un jour éclatant et moderniste”. Démonstration tout au long des 300 pages d’un ouvrage explorant les différents versants de son œuvre, les photographies pour la revue Réalités, les films débordant du cadre de la Nouvelle Vague, ou les multiples installations, en un portrait-hommage enlevé d’une témoin privilégiée de son temps et “artiste de sa vie”. (J.F.PL.)
Puzzle The Opening
1 000 pièces, 48 x 68 cm, disponible via www.maisoncfc.be. Prix: 35 euros.
Duo d’artistes issu de la mouvance graffiti, Hell’O Collective s’est taillé une belle réputation en Belgique. Envie d’étaler son univers graphique pièce après pièce? La tandem a signé une petite merveille de puzzle 1 000 pièces rendant hommage au MIMA, musée bruxellois dont l’iconoclasme revendiqué se traduit par une programmation atypique -que le casse-tête coloré se propose de mettre en scène. (M.V.)
Douglas Sirk: les mélodrames allemands
Coffret Blu-ray de 7 films édité par Capricci. Prix: environ 60 euros.
Avant d’emprunter le chemin de l’exil et de gagner les États-Unis où il deviendrait le maître incontesté du mélodrame hollywoodien, Douglas Sirk (de son vrai nom Detlef Sierck) avait signé, entre 1934 et 1937, plusieurs films estimables en Allemagne. Moins connu -à l’exception du diptyque La Habanera-Paramatta, bagne de femmes, avec l’incandescente Zarah Leander-, ce pan de sa carrière fait aujourd’hui l’objet d’un coffret assorti d’un livre regroupant sept longs métrages et trois courts (dont une version du Malade imaginaire). De April, april!, le premier long, à Paramatta, ces films voient Sirk s’essayer à des styles divers, comédie pour Du même titre, drame rural pour La Fille des marais ou drame social pour Les Piliers de la société (d’après Ibsen), le réalisateur jetant là les bases de l’œuvre à venir, et trouvant les chemins esthétiques de l’expression de la fatalité comme de l’exacerbation des sentiments, ce que confirmeront La Neuvième Symphonie et La Habanera, ses premières incursions dans le domaine du mélodrame. Ne restait plus au cinéaste qu’à embarquer vers de nouveaux rivages, pour paraphraser le titre allemand de Paramatta, Zu neuen Ufern, pour bientôt signer les chefs-d’œuvre définitifs comme Imitation of Life ou All that Heaven Allows. (J.F.PL.)
Nuclear Blaze
Édité et développé par Deepnight Games. Version “pre order” disponible sur Nintendo Switch et PlayStation 4. Prix: de 29,90 à 32,99 euros.
Adapté cette année sur consoles de salon, Nuclear Blaze brûle toujours la chandelle par les deux bouts depuis son départ d’incendie, il y a deux ans sur PC. Ce metroidvania du créateur du génial Dead Cell intervient au cœur d’un gigantesque bûcher presque vivant. Parapluie aquatique protecteur, orientation du jet d’eau, roulade d’invincibilité… Son soldat du feu y débloque une large palette de compétences jubilatoires. Les boutiques en ligne de Tokyo Game Story et de Red Arts Games proposent encore des versions “précommande” du jeu complétées de pins ou de porte-clefs, aux alentours de 30 euros. Gare aux brûlures! (M.-H.T.)
Peacemaker (saison 1)
Distribué par Warner. Prix: 29,99 Euros.
Un peu d’originalité, cela fait du bien dans le monde saturé et globalisé des séries! Voici donc Peacemaker, première série du DCEU (pour DC Extended Universe). Apparu dans le film Suicide Squad (2021), le personnage de Peacemaker est pour le moins atypique: costaud, mais bas du front et profondément traumatisé par un père white supremacist (Robert Patrick, excellent). Comme son nom l’indique, il est là pour instaurer la paix, mais de manière très peu pacifique… Oui, c’est ça: un anti-héros! Qu’ajouter, sinon qu’il est très proche de son animal de compagnie, un aigle chauve, le même dont les États-Unis ont fait leur emblème. Donné pour mort dans Suicide Squad, il est en fait bien en vie, et va se voir confier une nouvelle mission nommée Project Butterfly. John Cena est irrésistible dans cette série à l’action trépidante et aux effets spéciaux impeccables. L’humour est gras et souvent malaisant, mais on rit beaucoup -le générique, grandiosement ridicule et déjà culte, vaut à lui seul le détour. Alors ruez-vous sur cette première saison inédite en Belgique! (M.R.)
Collection Fléchette
Éditions Sun/Sun. Prix: de 16 à 18 euros par volume.
Banquier et philanthrope, Albert Kahn voulait créer un inventaire photographique du début du XXe siècle. Dans la collection Fléchette, ses étonnantes Archives pour la Planète (1909-1931) font l’objet d’une lecture fictionnelle par un auteur contemporain. Après Marie-Hélène Lafon ou Hélène Gaudy en 2022, ce sont entre autres Marie Cosnay (Toi et ton frère) et Amélie Lucas-Gary (Féticheuses) qui se sont emparées d’une image autochrome pour faire récit. (A.R.)
Devo, 50 Years of De-evolution
Distribué par Rhino/Warner. Prix: de 29 euros (CD standard) à 115 euros + frais de port (vinyles, édition limitée).
Cinquante ans de carrière, ça se fête. Et c’est en grande pompe que les zigotos de Devo célèbrent ce demi-siècle sur Terre. Originaire de la ville industrielle d’Akron, dans l’Ohio, Devo reposait sur l’idée provocatrice mi-sérieuse mi-loufoque que le monde courait à sa perte et avait entamé sa phase de dé-évolution, qu’il était entré dans une période de déshumanisation de l’espèce humaine. Ses membres fondateurs, Jerry Casale et Mark Mothersbaugh, se sont rencontrés sur le campus de Kent State, où furent réprimées dans le sang, en mai 1970, les manifestations contre la guerre du Viêtnam (deux des quatre morts étaient des amis de Casale). Ils sont convaincus que le genre humain tourne le dos au progrès pour filer vers la barbarie. Alors, ils se présentent comme une bande de clones, s’habillent de la même combinaison en plastique jaune citron pour usines radioactives et avancent masqués, trouvent les humains pompeux et prétendent descendre d’une lignée de singes dévoreurs de cerveaux. Au tournant des années 70 et 80, David Bowie les présentait comme le groupe du futur et le boss de Virgin tentait de leur refourguer John Lydon, le chanteur des Sex Pistols.
Deux coffrets, Art Deco 1973-1977 (pour les fans et les curieux) et ce 50 Years of De-evolution qui se promène dans toute leur carrière, mettent à l’honneur leur croisement secoué du punk et de la synth wave. Are they not men? Cinquante ans de carrière, ça se fête. Et c’est en grande pompe que les zigotos de Devo célèbrent ce demi-siècle sur Terre. Originaire de la ville industrielle d’Akron, dans l’Ohio, Devo reposait sur l’idée provocatrice mi-sérieuse mi-loufoque que le monde courait à sa perte et avait entamé sa phase de dé-évolution, qu’il était entré dans une période de déshumanisation de l’espèce humaine. Ses membres fondateurs, Jerry Casale et Mark Mothersbaugh, se sont rencontrés sur le campus de Kent State, où furent réprimées dans le sang, en mai 1970, les manifestations contre la guerre du Viêtnam (deux des quatre morts étaient des amis de Casale). Ils sont convaincus que le genre humain tourne le dos au progrès pour filer vers la barbarie. Alors, ils se présentent comme une bande de clones, s’habillent de la même combinaison en plastique jaune citron pour usines radioactives et avancent masqués, trouvent les humains pompeux et prétendent descendre d’une lignée de singes dévoreurs de cerveaux. Au tournant des années 70 et 80, David Bowie les présentait comme le groupe du futur et le boss de Virgin tentait de leur refourguer John Lydon, le chanteur des Sex Pistols. Deux coffrets, Art Deco 1973-1977 (pour les fans et les curieux) et ce 50 Years of De-evolution qui se promène dans toute leur carrière, mettent à l’honneur leur croisement secoué du punk et de la synth wave. Are they not men? (J.B.)
Elvis / Gatsby
Coffret DVD de 2 films de Baz Luhrmann. Dist: Warner. Prix: environ 15 euros.
Elvis et The Great Gatsby: sortis à dix ans d’intervalle, les deux derniers films de Baz Luhrmann pour le cinéma se voient réunis dans un coffret certifié paillettes. Comme toujours chez lui, le glamour a cependant son revers, le réalisateur australien étant passé maître, par-delà l’exubérance et la flamboyance de son style, dans l’exploration de destins qui se consument. Ainsi de son adaptation magistrale du classique de Fitzgerald, dont il livre une version classieuse et luxuriante, non sans laisser ses protagonistes -Leonardo DiCaprio et Carey Mulligan, étourdissants- à un irrépressible sentiment de mélancolie. Ou de son portrait en musique du “King” (l’excellent Austin Butler), dont il retrace le parcours en adoptant le point de vue du colonel Parker (Tom Hanks), son manager véreux. Manière de jeter un voile d’ombre sur le destin de l’icône absolue, le rêve américain devenant chimère quelque part entre Tupelo et Graceland… (J.F.PL.)
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