Critique

[Le film de la semaine] Harmonium de Kôji Fukada, d’une noirceur assumée

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME | Portrait de famille insolite, Harmonium voit Kôji Fukada rompre avec l’humeur délicatement rohmérienne de Au revoir l’été.

[Le film de la semaine] Harmonium de Kôji Fukada, d'une noirceur assumée

Dans une banlieue japonaise quelconque, Toshio et sa femme, Akié, mènent une existence tranquille sinon heureuse en compagnie de leur petite fille, Hotaru. Un quotidien terne, selon toute apparence, qui se trouve chamboulé lorsqu’apparaît, sortant d’un long séjour en prison tel un fantôme tout de blanc vêtu, Yasaka, une vieille connaissance de Toshio. Sans plus d’explication, ce dernier lui offre de travailler dans son atelier, avant de l’inviter à s’installer dans la maison familiale. Passés la surprise et le malaise initiaux, l’étrange individu, quelque peu envahissant mais tout ce qu’il y a de plus aimable, s’immisce dans la vie des uns et des autres, apprenant l’harmonium à la fillette, non sans se rapprocher insensiblement de sa mère…

Portrait de famille insolite, n’étant pas sans évoquer par certains aspects un Théorème à la mode nipponne, Harmonium voit Kôji Fukada (lire son interview) rompre avec l’humeur délicatement rohmérienne de Au revoir l’été pour signer un film d’une noirceur assumée. C’est en effet les tréfonds de l’âme humaine qu’explore le réalisateur japonais à la faveur d’un récit sur le fil du rasoir, dont la lenteur a pour pendant la suffocante densité, allant crescendo à mesure que sa trame se déploie en deux temps. Libérant son ampleur sur la distance, il y a là, entre violence sourde et émotions feutrées, un thriller faisant craquer le vernis familial en quelque cruelle tragédie intime révélatrice de solitudes abyssales. Et, servi par une mise en scène à l’économie affûtée, un sens aiguisé de l’ellipse et une architecture narrative aussi sinueuse que millimétrée, un film tout simplement vertigineux.

DE KÔJI FUKADA. AVEC TADANOBU ASANO, MARIKO TSUTSUI, KANJI FURUTACHI. 1H58. SORTIE: 15/02. ****

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content