With the Black Lips…

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Totalement reliftés, les Black Lips se sont fait produire par Sean Lennon, ont invité Yoko et repris les Beatles. Twist and shout…

Black Lips

« Satan’s Graffiti or God’s Art? »

Distribué par Vice.

7

C’est ce qu’on peut appeler un ravalement de façade. Exit le batteur originel du groupe Joe Bradley. Bye bye le guitariste aux dents bizarres Ian St. Pe. Ceux avec lesquels ils avaient craché de leurs Lèvres Noires ce flower punk déglingué qui les rendit tant aimés. Les chefs de bande Cole Alexander et Jared Swilley ont mis un sacré coup de Botox dans leurs Black Lips. Depuis la sortie en 2014 d’Underneath the Rainbow, les sales gamins d’Atlanta ont embauché Oakley Munson pour gérer les fûts et recruté la saxophoniste Zumi Rosow. Nouvelle coqueluche de la mode underground croisée avec Ex-Cult et Deerhunter et brièvement aperçue dans le Wassup Rockers de Larry Clark. Ils ont aussi sollicité les services de Jack Hines. Vieille connaissance de la maison puisqu’il avait déjà remplacé à la gratte de 2002 à 2004 le pauvre Ben Eberbaugh, décédé dans un accident de bagnole…

Les Black Lips ont changé de visage donc et ils ont aussi une fois de plus repensé l’entourage de l’équipage. Après avoir travaillé avec Mark Ronson sur Arabia Mountain, le Black Key Patrick Carney et le proche de Daptone Records Thomas Brenneck sur Underneath the Rainbow, les Géorgiens ont cette fois mis à contribution le fils Lennon. Sean s’occupe de la production. Sa maman assure apparemment quelques choeurs. Les lascars s’offrent même une reprise du It Won’t Be Long des Beatles. On n’est pas ici à Londres ou à Liverpool en 1963. On baigne dans un album de 18 titres et de 55 minutes enregistré par des cowboys. Un disque avec des allures conceptuelles, des interludes et tout et tout. Graffiti de Satan ou oeuvre de Dieu? La question vaut autant pour le disque que pour ces vilains garnements ni sain(t)s ni bien méchants que sont les Black Lips…

Raid nazi et trahison…

Guidé spirituellement par Saul Adamczewski, l’édenté de la Fat White Family, Satan’s Graffiti or God’s Art? s’ouvre sur une incantation hippie, enfantine et mystique (Sunday Mourning). Puis part dans une cavalcade de western emmenée par des gringos imbibés (Occidental Front). « I can’t hold on to nothing« , hurlent à tue-tête les Black Lips sur le premier single extrait de l’album. Les morceaux sont plus longs qu’à l’habitude. Une chanson d’amour sur fond de raid nazi en 1938 (Crystal Night), l’histoire d’un mec qui trahit ses amis pour devenir célèbre (Wayne)… Les Ricains s’amusent avec le rock, le garage, la country, le blues, le punk, le jazz… Se font une ballade taillée pour un vieux girl group (le même Crystal Night) et évoquent à l’occasion leur pote King Khan (In My Mind There’s a Dream). Ce huitième album n’est pas ce que les Lips ont fait de plus immédiat, efficace ou excitant mais il incarne dans sa diversité un désir bordélique de ne pas se répéter.

Le 18/08 au Pukkelpop (Hasselt).

Julien Broquet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content