Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mensonges avoués – De Londres, déboule la première sensation de l’année. Entre ambiances plombées et hymnes lyriques, les White Lies pourraient remporter le gros lot.

« To Lose My Life »

Distribué par Universal.

L’année a à peine commencé, et voilà déjà le premier buzz. Il vient forcément d’Angleterre et est à mettre au crédit de White Lies. Le trio vient de Londres et, à peu de choses près, a toujours joué ensemble. Depuis leurs 15 ans, Harry McVeigh (chant, guitare), Charles Cave (basse) et Jack Lawrence-Brown (batterie) cherchent la petite bête. Soit la musique qui va aussi bien raconter leur ennui que leur permettre d’y échapper. Au départ, ils se font appeler Fear of Flying et tournent notamment sur les scènes underage réservées aux ados. Un jour pourtant, ils écrivent une chanson qui rentre difficilement dans leur répertoire habituel. Unfinished Business parle de meurtre, de fantôme, et de sang sur les mains.  » You’ve got blood on your hands and I know it’s mine« , chante Mc- Veigh, qui avec ses compères se rend finalement compte que le noir ne leur va pas si mal. La décision est donc prise: en 2007, Fear of Flying annonce sa disparition sur leur page MySpace pour mieux renaître sous la forme de White Lies. Soit les « mensonges blancs » qui, en anglais, désignent ces petites dissimulations et tromperies que l’on imagine confectionner, non pas vicieusement, mais bien pour éviter au contraire de blesser l’autre ou lui éviter la gêne.

Noir c’est noir

Ce serait une sorte de programme déguisé que les White Lies ne se seraient pas mieux baptisés. Le mal pour un bien? En plongeant dans l’obscurité, les White Lies ont en effet trouvé la lumière. Ou en tout cas une porte de sortie à ce qui devenait petit à petit une impasse. A partir de là, les trois lurons traceront patiemment leur nouvelle route pour aboutir à ce premier disque, enregistré en partie au studio bruxellois ICP. To Lose My Life commence par une chanson intitulée Death, la mort étant en effet l’invitée privilégiée du disque. Cela pourrait paraître morbide, et par certains côtés, il n’y a pas à chipoter: noir, c’est noir, et fréquemment la basse rebondit comme aux jours les plus sombres de la cold wave, de Joy Division à The Cure (White Lies est d’ailleurs signé chez Fiction, maison historique du groupe de Robert Smith), tandis que les claviers plombent encore un peu plus l’ambiance. Mais jamais au point de délaisser un côté plus pop et lyrique, qui permettra à la plupart des morceaux d’occuper sans problème les grands espaces. Au passage, le groupe réhabilite même les Nouveaux Romantiques – mais oui, rappelez-vous ceux du début des années 80, comme Ultravox, dont on peut retrouver un écho dans Fifty On Our Foreheads. Bon, certes, ce n’est pas forcément le côté plus réussi du disque, qui a peut-être le tort de démarrer trop fort, par deux hits en puissance: Death et To Lose My Life. Difficile de réitérer l’exploit dix titres durant. On pourra également ergoter sur le naturel de la démarche – il y a matière sur certains morceaux qui apparaissent plus forcés. Mais comment encore une fois pourrait-il en être autrement quand on s’appelle White Lies?  » A une vérité ténue et plate, je préfère un mensonge exaltant« , écrivait Pouchkine. Les jeunes Londoniens ne le contrediront pas.

www.whitelies.comEn concert le 14/03, au Botanique, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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