Wanderlust

En suivant les explorations extraconjugales mutuellement consenties de Joy, thérapeute, et de son mari Alan, professeur d’anglais, Nick Payne ne s’est pas contenté de questionner ce qui était montrable sur la BBC en termes de sexualité. Filmées avec élégance, rythme et sagacité (et une bande-son du tonnerre), les tentatives du couple pour trouver plus de liberté et de sens à ce qui se tapit dans leur ventre se répercutent sur leurs trois enfants, leur entourage direct et, plus sûrement encore, les objets respectifs de leurs désirs: un camarade d’aquagym pour elle, une collègue de collège pour lui. Et les effets miroirs se multiplient, comme autant de lapsus et d’actes manqués dans une séance psy de Joy. Les hésitations, pauses, balbutiements, et autres « euh… » qui trouent constamment les propos des protagonistes sont les symptômes du tabou et de l’aliénation qui repoussent l’expression libre du désir, de l’identité. Ce syndrome de Woody Allen n’est pas un tic de dialoguiste zélé, puisque Joy semble immunisée. L’effet épiphanique de l’accident de voiture dont elle est victime en ouverture? Jouée par une fantasque et fantastique Toni Collette, celle par qui le bouleversement arrive entame avec son époux (Steven Mackintosh) un jouissif mais risqué pas de deux ou trois voire plus… qui, s’il met au défi couple et famille, révèle aussi leurs possibles, et le manque cruel chez tout un chacun -enfants, voisin.e.s, patient.e.s, amant.e.s (tous campés par un casting au poil)- d’une réelle éducation sentimentale et sexuelle.

Une série de la BBC créée par Nick Payne. Avec Toni Collette, Steven Mackintosh, Zawe Ashton, Joe Hurst. DISponible sur NETFLIX.

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