De Fabrice Du Welz. Avec Emmanuelle Béart, Rufus Sewell, Petch Osathannugrah. 1 h 35. Sortie: 15/10.

Premier long métrage de Fabrice Du Welz, Calvaire traçait le sillon d’un cinéma radical et sans concessions, régal de film de genre joyeusement barré. Vinyan, le nouveau film du cinéaste belge, navigue dans les mêmes eaux, tout en témoignant d’une palette sensiblement élargie, celle d’un drame psychologique puissant doublé d’une expérience sensorielle extrême.

Passé un générique dévastateur, le film s’ouvre dans la douceur de Phuket, en Thaïlande, où un couple d’Occidentaux, Jeanne et Paul Bellmer (Emmanuelle Béart et Rufus Sewell) mène l’existence en apparence tranquille d’expatriés. Lors d’une soirée de collecte de fonds, Jeanne croit reconnaître, sur une vidéo tournée dans la jungle birmane, Josh, leur enfant disparu dans le tsunami de 2004. N’ayant jamais pu se résoudre à sa mort et persuadée qu’il a été kidnappé au lendemain de la catastrophe, elle entrevoit là un espoir ténu, mais ferme.

Ne voulant pas la décevoir, Paul accepte de l’accompagner dans une quête délicate. Bientôt flanqué d’un guide aux motivations incertaines (Petch Osathanugrah), le couple embarque pour ce qui ressemble à un voyage au bout de la nuit. A mesure qu’ils s’enfoncent dans la jungle, la frontière entre réalité et cauchemar s’estompe en effet, jusqu’à les conduire dans un monde où l’on ne sait trop si les fantômes sont ceux des vivants ou des morts…

Saisissant, Vinyan happe le spectateur d’entrée pour ne plus relâcher son étreinte. La photographie de Benoît Debie est proprement hallucinante; la bande-son assourdissante, l’expérience physique se double bientôt d’une autre, mentale, à mesure qu’Emmanuelle Béart, exceptionnelle, s’abandonne sans réserves à un voyage hanté. Eprouvante et douloureusement obsessionnelle, la plongée au c£ur des ténèbres qui en résulte est aussi singulièrement déstabilisante, explorant des lignes de fracture successives: au sein du couple, entre cultures différentes, aux confins de la raison et de la folie, mais aussi de la vie et de la mort. Il en résulte un grand film radical, au confluent de références multiples, du cinéma de genre à Apocalypse Now. Inconfortable, pour le moins, mais plus encore stimulant.

www.vinyan-lefilm.com

J.F. PL.

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