Vampire Weekend

« Father of the Bride »

On s’est d’abord permis de douter. Que restait-il de Vampire Weekend, six ans après Modern Vampires of the City, troisième album d’une discographie entamée en 2007 -avec les flamboyants singles Mansard Roof, Oxford Comma, Cape Cod Kwassa Kwassa et le classique A-Punk (qui, une décennie plus tard, continue d’apparaître régulièrement dans l’un ou l’autre spot publicitaire en quête d’ambiance feelgood)? Que pouvait-on encore attendre? A fortiori depuis les changements de personnel (Rostam Batmanglij sur le départ), et le passage d’un (gros) label indie à la major Sony -sans compter le déménagement du leader Ezra Koenig de New York à Los Angeles? Emblématique du rock indie intello-branché made in Brooklyn des années 2000, Vampire Weekend allait-il tenir le choc?

Avec 18 titres, la réponse donnée par Father of the Bride est certes un peu longue, mais elle est aussi ambiguë que brillante, aussi complexe qu’irrésistiblement limpide. De la côte Ouest, l’album a capté le caractère solaire ( Stranger), léger, voire insouciant. Pour autant, Vampire Weekend reste Vampire Weekend et, s’il ne dévie jamais de sa recherche d’immédiateté, il réussit à truffer ses morceaux de détours et de clins d’oeil décalés, maniant l’ironie en sous-marin ( Unbearably White). Samplant aussi bien la guitare du Sierra Léonais S. E. Rogie ( Rich Man, parfait exemple de miniature délicatement ironique) que les ambiances planantes de la légende japonaise Haruomi Hosono ( 2021), lorgnant vers la country (le plus dispensable Married in a Gold Rush) ou osant faire le pont entre prog-rock et afropop ( Sunflower avec Steve Lacy), Vampire Weekend confectionne une pop comme plus grand monde ne s’y essaie aujourd’hui: avec autant de gourmandise que d’esprit.

Distribué par Sony. En concert le 18/11, à l’Ancienne Belgique, Bruxelles.

8

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