Visite en Égypte, gamers admis

Confiant dans la valeur historique d’Assassin’s Creed, Ubisoft transforme Origin, son dernier épisode, en visite guidée éducative en pleine Égypte antique.

La Renaissance italienne, l’Empire ottoman, l’indépendance US et la Révolution française figurent parmi les tumultueux chapitres de l’Histoire qu’ Assassin’s Creed feuillette depuis dix ans. Unique pour un Triple A ⁽¹⁾, cette approche historique minutieuse plongeait dans l’Égypte antique sur Origins, son dernier épisode. À force de combats, d’acrobaties et d’une pincée de jeu de rôle (façon The Witcher 3) , l’open world fomentait la vengeance d’un père, en croisade contre Ptolémée XIII. Surprise! Ubisoft lâche ces ressorts ludiques et narratifs pour une visite guidée pédagogique sur Discovery Tour by Assassin’s Creed: Ancient Egypt. Suivez le guide…

Aidé de Shigeru Miyamoto (le père de Mario), Nintendo avait transformé sa console 3DS en guide digital pour les visiteurs du Louvre en 2012. Mais les liens tissés par les musées et le jeu vidéo restent rares. Discovery Tour by Assassin’s Creed: Ancient Egypt se dresse donc comme un projet singulier, d’autant qu’il s’adosse à un jeu vidéo mainstream. Reprenant exactement le gameplay de la série, la visite -nettoyée de tout combat- détourne le pouvoir d’immersion de l’open world à des fins éducatives. Où est passé le nez du Sphynx? Quelle est la place des chats dans la société égyptienne? L’impression d’y être domine et pousse à la curiosité.

« Nous n’avons pas pu développer tous les lieux et événements historiques abordés dans le jeu pour une question de budget » , souligne Ambre Lizurey, productrice du jeu chez Ubisoft Montréal. « Ces choix ont été notamment dictés par des discussions avec des profs de secondaire français. » Du delta du Nil à la mer de sable en passant par le plateau de Gizeh, cet audioguide gaming déballe toutefois de longues heures de marche libre, guidée par un fil d’or, dans des villes et des sites somptueux.

Plein tarif

Découvrir comment un vers de L’Odyssée d’Homère a inspiré le lieu de construction d’Alexandrie réjouit. La miraculeuse cité compte d’ailleurs parmi les cinq chapitres principaux du Discovery Tour. La vie quotidienne, les Romains, l’Égypte et les pyramides complètent la liste. Au fil d’une voix off française, des mastabas, ces petits tombeaux jouxtant ces dernières se détaillent, plus loin, à force de photos d’archives muséales, comme celles du mur de Mérérouka. Ces 75 visites d’une dizaine de minutes forcent le respect et dépoussièrent l’Histoire.

« Trente personnes ont travaillé pendant six mois. Maxime Durant, notre historien, a contacté une dizaine d’experts concernés par les différentes époques » , poursuit Ambre Lizurey. « La Réunion des musées nationaux en France, le MoMA de New York et le British Museum de Londres nous ont aussi cédé des photos documentaires. » Gratuit pour les possesseurs d’une copie du jeu, ce Discovery Tour pousse, hélas, sa logique non-violente et non-sexuelle jusqu’à l’absurde. Le titre couvre ainsi les seins et les organes génitaux de ses statues par d’idiots coquillages. Le puritanisme anglo-saxon m’a tuer.

^{(1) L’équivalent gaming des blockbusters au cinéma.}