Une réplique de l’oreille coupée de Van Gogh exposée dans un musée
Idée originale quoiqu’un peu tordue: une artiste néerlandaise a reconstitué une réplique biologique de l’oreille coupée de Van Gogh et l’expose dans un musée allemand.
Vincent Van Gogh incarne probablement mieux que quiconque la figure romantique de l’artiste de génie maudit par le destin. Seulement, pas de génie sans un grain de folie. Le peintre néerlandais est aussi connu pour son instabilité qui l’a mené en 1888, à la suite d’une violente dispute avec son ami Paul Gauguin, à se couper l’oreille gauche avec un rasoir. Quoi de plus normal alors pour ce génie tant mystifié que son oreille mutilée soit aujourd’hui élevée au rang de la relique? La sainteté en moins…
C’est une idée originale quoiqu’un peu tordue qu’a eue l’artiste néerlandaise Diemut Strebe dont le travail se situe à la croisée des arts et de la science. Pour sa nouvelle installation intitulée « Sugababe », l’artiste s’est entourée d’une équipe scientifique afin de reconstituer à partir du patrimoine génétique de Van Gogh son oreille coupée. C’est Lieuwe Van Gogh, l’arrière-arrière-petit-fils du frère de Vincent Van Gogh (vous suivez?) qui a fourni à l’artiste des échantillons de ses propres cellules à partir desquelles l’oreille a été répliquée et ensuite dessinée à l’aide d’une imprimante 3D. Il semble bien que cette « oreille-relique » conserve un peu de l’aura de l’artiste maudit puisque Lieuwe Van Gogh partage environ 1/16 de ses gênes avec son aïeul, dont le chromosome Y transmis de père en fils.
L’homme qui murmurait à l’oreille… de Van Gogh
Résultat de l’opération: « Cette oreille a la même forme que celle de Van Gogh », affirme fièrement Dominika Szope, la porte-parole du musée ZKM de Karlsruhe, où l’oreille est exposée. Il vous est désormais possible jusqu’au 6 juillet de venir lui murmurer à l’oreille et celle-ci peut vous entendre puisqu’elle est munie d’un microphone connecté à un ordinateur qui convertit en impulsions nerveuses les signaux sonores qui traversent le liquide dans lequel baigne l’oreille.
En 2009, deux universitaires hambourgeois, Rita Wildegans et Hans Kaufmann, créent un rebondissement de taille dans l’affaire de l’oreille coupée en rejetant la thèse de l’auto-mutilation. Ils émettent plutôt l’hypothèse que l’auteur du crime serait Paul Gauguin. Ce dernier aurait emporté à Arles son sabre pour s’exercer aux armes et aurait accidentellement tranché l’oreille de Van Gogh en voulant simplement le menacer. Gauguin aurait ensuite pris la fuite, jetant l’arme dans le Rhône et puis quitté la ville pour ne plus jamais y revenir. Quant à Van Gogh, retrouvant peu à peu ses esprits au cours de la soirée, il se serait débarrassé de la dernière pièce à conviction, l’oreille coupée, en la confiant à une certaine Rachel, prostituée d’un bordel voisin. Un pacte de silence se serait alors scellé entre les deux amis, Van Gogh inventant la thèse de l’auto-mutilation pour éviter que Gauguin ne soit poursuivi. Une belle preuve d’amitié, finalement.
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