Sauver la façade: tour d’horizon des hotspots belges du street art
Qu’il s’agisse d’éteindre le feu social qui couve ou de faire oublier la déshumanisation à l’oeuvre dans les villes, les artistes urbains sont plus sollicités que jamais. En Belgique (Mons, Ostende, Louvain-la-Neuve, Bruxelles, Charleroi…), les fresques prolifèrent.
Mons
« Je crois que l’art urbain est un vecteur idéal pour transformer les quartiers », expliquait en 2020 le bourgmestre montois Nicolas Martin à la RTBF. Cynisme? Nullement, le monde politique belge francophone est réellement convaincu du pouvoir lubrifiant de l’art urbain. Les graffeurs sont désormais vus comme les derniers médiateurs capables d’intercéder auprès d’une population devenue plus que rétive aux « belles paroles » du monde politique. Pendant deux ans, le chef-lieu du Hainaut a programmé le parcours L’art habite la ville qui l’a placé sur la carte des « street art cities ». Parmi les temps forts, cette fresque de 2019 signée par l’Espagnol DUEK qui rend hommage au Mexique.
Ostende
Pas de doute, en matière de street art, les villes les plus intéressantes sont celles qui programment un festival. Ce genre d’événement récurrent permet de constituer une véritable galerie à ciel ouvert. Avec The Crystal Ship, Ostende frappe un grand coup depuis 2016. Au programme, des artistes de renommée internationale –Axel Void (États-Unis), Paola Delfín (Mexique), Miss Van (France)…- mais bien sûr des talents nationaux comme Roa, Jaune et Strook. En 2021, la dernière édition a fait place au talent caustique du Danois HuskMitNavn, qui n’a pas son pareil pour intégrer concrètement le contexte urbain à une oeuvre.
Ottignies Louvain-la-Neuve
Depuis les deux éditions du festival Kosmopolite Art Tour organisées à Louvain-la-Neuve en 2012 et 2015, la ville estudiantine s’est fixé pour objectif de transformer ses contours en musée de plein air. En juin dernier, trois fresques ont été réalisées à l’initiative du collectif Farm Prod, cellule bruxelloise qui existe depuis 2003 et réunit plusieurs artistes-plasticiens autour de projets créatifs variés. Pas question de s’arrêter en si bon chemin, à la rentrée, de nouvelles oeuvres ont été ajoutées: quatre fresques monumentales, un parcours au pochoir signé Jaune, deux rénovations et une intervention collective. En photo, une réalisation signée par le Portugais Pantonio, réputé pour son bestiaire bleu et noir.
Bruxelles
Aligné au fil des codes postaux 1000, 1020, 1120 et 1130, le Parcours Street Art de la Ville de Bruxelles a fait de la capitale l’un des lieux stratégiques du pays en termes d’art urbain. Enrichi régulièrement (un budget de 100.000 euros est alloué sur une base annuelle), le tracé fait la joie des amateurs. Celui-ci déroule plus de 100 oeuvres faisant place à de belles signatures –Bonom, Jef Aérosol, Kool Koor…- et des thématiques en phase avec l’actualité -ainsi de la toute récente fresque de Soaz et Zouwi sur la réappropriation de l’espace public par les femmes. Figure majeure du graffiti à Bruxelles, Sozy0ne a signé son impressionnant Corvus Corone sur plus de 140 mètres carrés dans le quartier du pont Van Praet.
Charleroi
La Biennale d’Art urbain Asphalte a fait malheureusement long feu. Son ambition était plus que louable: « positionner Charleroi sur la scène culturelle, artistique et sociale belge ». Il reste que la qualité des différentes programmations de 2012, 2014 et 2016 a marqué le paysage urbain et que celui-ci se découvre toujours avec une joie sans mélange. Pour cause, les interventions d’une dizaine d’artistes urbains partis à la rencontre des chancres et des friches aux quatre coins de la ville font mouche. Parmi eux, l’Espagnol Sixe Paredes mais aussi Invader, Steve Powers, Maya Hayuk… ou encore ce graphe signé Dr Colors (photo) devenu une icône au Pays Noir (à tel point qu’aucun tag ne le souille).
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