Critique

On a vu le nouveau Star Wars, Rogue One, et c’est une bonne surprise

Felicity Jones est Jyn Erso dans Rogue One, A Star Wars Story. © Disney
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

SCIENCE-FICTION | Le premier « spin-off » de Star Wars est un (bon) film de guerre, sans la pompe et le folklore liés à la saga. L’Alliance contre-attaque.

Sur la plage, soldats de l’Empire galactique et guerriers de l’Alliance rebelle s’affrontent. Et pleut la mitraille, et tombent les corps, et sifflent dans l’air la trajectoire des chasseurs. C’est la grande bataille vers laquelle tendait tout le film, anticipation menant crescendo à l’inévitable choc des armées. Rogue One est un film de guerre, avant toute chose. Et un bon. Gareth Edwards, réalisateur voici 2 ans d’un remake appréciable de Godzilla, sait y faire et nous mène au coeur du conflit, sur les pas d’une héroïne intrépide. Plus de princesse en robe longue mais une marginale sans peur et presque sans reproche, sachant frapper fort et juste. La féminisation de Star Wars se produit dans le premier « spin-off » de la célébrissime saga. Dans un film qui se pique d’ignorer totalement la pompe des précédents, et une bonne partie de son folklore. Rogue One file à l’essentiel, sur un scénario aussi simple qu’une tranche de « serial »: les méchants (l’Empire) construisent une arme fatale, l’Etoile de la Mort, les bons (l’Alliance) se voient offrir une chance de la neutraliser, grâce au père de l’héroïne, contraint de participer à la construction du vaisseau mais qui a transmis à sa fille le secret pour le détruire. Le papa, c’est Mads Mikkelsen. Comment s’étonner, dès lors, de voir la jeune Jyn Erso (jouée par Felicity Jones) manifester un caractère d’airain?

Résurrection

L’action de Rogue One se situe, chronologiquement, entre celles de l’Episode III et de l’Episode IV. Modeste en dimension comme en complexité, elle se révèle paradoxalement plus percutante que celle du dernier Star Wars en date, un Episode VII : The Force Awakens où l’impact du formidable J.J. Abrams se marquait étrangement beaucoup moins que dans sa relance de la franchise concurrente Star Trek (Star Trek Into Darkness – 2013). Gareth Edwards n’a bien sûr pas dû se coltiner le décorum auquel tout film appartenant à la série stricto sensu se doit de souscrire, et qui est tout de même parfois (que les fans nous pardonnent) un tantinet nunuche. Il se lâche d’autant plus que Rogue One est une apologie du sacrifice héroïque à une cause, qui n’appelle pas et permet encore moins de planifier une suite… On prend plaisir au spectacle qu’il propose. Et on a le grand frisson quand apparaît le redoutable personnage du Grand Moff Tarkin. Le sinistre individu a les traits creusés, les yeux cerclés de rouge sang. On dirait un mort-vivant. Et pour cause, il est interprété par Peter Cushing, qui créa le rôle dans l’Episode IV (le Star Wars original) et qui est… décédé en 1994! Le clonage numérique permet son improbable résurrection, dont les images nous hantent -bien plus que celle d’un certain Darth Vader- après le générique final.

(Nous avons vu le film en 3D sur l’immense écran Imax tout juste ré-ouvert à Kinepolis. Très très impressionnant !)

Rogue One: A Star Wars Story. De Gareth Edwards. Avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn. 2h14. Sortie: 14/12. ***(*)

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