Notre correspondant sur place

© National
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Dans le contexte particulier d’une Croatie post-guerre des Balkans en plein virage capitaliste, le narrateur Tin est de ceux qui feignent les compétences ou les expériences en espérant ne jamais se faire gauler. Ancien rockeur, il navigue à vue dans un âge adulte auquel il ne souscrit jamais tout à fait mais espère sa part du gâteau. Autrefois étudiant auréolé d’une gloriole militaire, désormais pseudo-journaliste économique, il présente à sa rédaction Boris, et suggère à ses collègues -idée d’emblée foireuse- de l’expédier en Irak comme envoyé spécial vu sa maîtrise de l’arabe. C’est un cousin perdu de vue soudainement réapparu, envers lequel Tin ressent la dette de celui qui aurait les signes extérieurs de réussite. Parachuté sur le champ de bataille, le poète nostalgique de la guerre y rédige des textes perchés et impressionnistes que Tin doit maquiller longuement pour les rendre un peu cohérents. Autant dire que la supercherie ne peut que mal tourner… Premier roman ambitieux et finement observé de Robert Perišic (le désopilant et futé Les Turbines du Titanic) publié en 2007, Notre correspondant sur place est un panorama ultra-piquant d’un certain milieu zagrébois (notamment acteurs en proie à des metteurs en scène conceptuels, journalistes fumistes, politiciens locaux) en quête nouvelle de sens.

De Robert Perišic, éditions Gaïa, traduit du croate par Chloé Billon, 384 pages.

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