Marc Pinilla dans The Voice: « Je serai le posé, le rationnel »
Marc Pinilla, tête de gondole du groupe Suarez, est l’un des nouveaux coachs de la seconde saison de The Voice Belgique. Rencontre.
Comment en êtes-vous arrivé sur les fauteuils de The Voice Belgique?
J’avais déjà été contacté par la production de l’émission l’année dernière, en fait. J’étais frileux, j’avais peur de l’inconnu, je me demandais comment la RTBF allait gérer un programme de téléréalité. J’avais fini par refuser, au terme de longues hésitations. Accepter ce challenge, quoi qu’on en pense, ce n’est pas la solution de facilité. C’est une mise en danger.
Et puis on s’est revus après les Francos, par le plus grand des hasards. J’avais regardé l’émission, elle m’avait plu, j’étais davantage en confiance quant au concept du programme et à la quantité et la qualité des talents qu’il brassait. J’ai eu envie de relever ce défi, et de montrer aux gens une autre facette de Suarez, de dévoiler davantage qui on est -des mecs qui bossent et qui réfléchissent, aussi, et souhaitent transmettre un message, une vibration. Je ne suis certainement pas le meilleur chanteur du monde, la moitié des candidats doivent chanter mieux que moi, mais je sais écrire un refrain, faire un arrangement, et faire chanter les gens.
Vos fans de la première heure vous reprochent déjà d’avoir vendu votre âme au diable, sur les réseaux sociaux.
J’ai vu. Je pensais que l’info allait sortir plus tard mais dimanche dernier, quand je me suis levé, j’ai été assailli de commentaires. J’ai passé un peu de temps dessus… et puis j’ai décidé de m’éloigner de tout ça jusqu’au mois de janvier. Sinon ça rend dingue. Jusqu’à présent, les gens qui parlaient de Suarez étaient des gens qui aimaient Suarez. Les autres, on ne les entendait pas. La télé amène une confrontation avec un public plus large, qui ne nous apprécie pas forcément. Je ne veux pas commencer à être affecté par tout ça, même si je comprends bien le principe de la bonne vanne sur Twitter. J’ai beaucoup de respect pour les coachs qui s’en prennent plein la gueule, faut assumer. Quentin Mosimann, par exemple, m’épate. Et pas seulement à ce niveau-là. Avant de regarder l’émission, je ne m’attardais pas sur lui, il ne représentait rien d’autre à mes yeux qu’un gagnant de Star Academy qui avait repris Do You Saint-Tropez. Et puis là, j’ai vu un mec intelligent, qui savait formuler une critique pertinente, et qui était doué pour l’arrangement des chansons.
Formuler un jugement, à chaud, devant des caméras, est un exercice avec lequel vous êtes à l’aise?
Je vais m’entraîner pour y parvenir. Etre en verve en une demi-seconde, c’est compliqué, rien n’est naturel là-dedans. Je suis en train de visionner quelques déclinaisons de The Voice, je regarde comment les coachs s’y prennent. Ça peut me donner des indications sur les jugements techniques que je serai amené à donner mon avis sur les voix. Mais la manière dont je ressentirai les choses, purement personnelle et subjective, je ne peux pas la travailler. Je ne serai pas l’extraverti de la bande, celui qui gueule et démoli. Je serai le posé, le rationnel. Et celui qui va gagner l’émission avec son poulain.
Quelle est la plus grande compromission que vous ayez commise depuis le début de votre carrière?
(Il réfléchit longuement) Honnêtement, j’aurais aimé répondre à cette question, mais je n’y parviens pas. Suarez est un groupe chanceux et heureux, on a toujours travaillé avec des gens cools. On n’a pas connu de grosse galère, mais on a dû beaucoup bosser pour y arriver, ce qui rend notre projet sain. Rien n’y a été victime d’un plan marketing foireux.
Vous ne craignez pas d’être labellisé RTBF-artistes subsidiés-Communauté française, suite à votre participation à The Voice?
On ne l’est pas déjà?
Vous commencez à vous exporter. Votre album est sorti en France au mois de mars. Comment fonctionne-t-il, là-bas?
On a eu la chance de « starter » avec Le Mouv’ et France Inter mais sans réel engouement de la part public. Et qui dit pas d’acte d’achat dit pas de tournée. Et puis, récemment, ce fut le déclic: Virgin Radio nous a programmés dans leur playlist d’été, et toutes les autres radios ont suivi. Depuis, on n’arrête pas de tourner en France.
Votre single Le Temps de voir enregistré avec Léonie, candidate de la saison dernière, tourne en boucle sur Pure FM…
J’ai été séduit par Léonie quand je l’ai entendue dans une version dubstep de Seven Nation Army. Il y a un mélange de plein de choses dans sa voix, qui est d’autant plus étonnante que c’est une black qui chante un peu comme une blanche. On a enregistré ce duo en 3 heures. Je ne sais pas s’il y aura une suite à ça. A 18 ans, c’est difficile d’imaginer quelque chose de stable et de durable. Un de mes objectif en participant à The Voice, c’est de créer un artiste, et de développer une carrière. Maintenant, on ne peut pas demander à tous les talents d’être prêts à ça. Ils sont parfois très jeunes, ont des problèmes d’éloquence, un mauvais entourage, des problèmes pour vendre leur came… Roberto, le gagnant, il regarde Quentin Mosimann à chaque fois qu’on lui pose une question pour savoir ce qu’il doit dire.
Vous comptez, comme les Joshua, sortir un disque dans la foulée pour profiter de l’appel d’air médiatique?
Non. J’ai besoin de temps, j’ai envie de faire un beau disque, réfléchi, de laisser l’inspiration venir tranquillement. On ne reviendra pas avec un album avant le mois de septembre de l’année prochaine.
Et la rémunération des coachs, est-elle aussi plantureuse qu’on le croit?
Non, simplement équitable.
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