Loustal, illustrateur d’ici et d’ailleurs

Jacques de Loustal expose en ce moment à la galerie Champaka à Bruxelles pour son livre Esprits d’ailleurs. Illustrateur de renom, il expose ici ses dessins de paysages exotiques. Ce n’est pas son premier carnet de voyage: depuis les années 80, Loustal publie régulièrement les illustrations qu’il a pu réaliser pendant ses excursions ou des reportages.

Du Japon à l’Utah, Loustal nous emmène dans des contrées toujours plus désertiques et apaisantes. L’auteur était à Bruxelles pour le vernissage de son exposition à la galerie Champaka, située à deux pas du Grand Sablon, l’occasion pour nous de le rencontrer au milieu de ses oeuvres et d’en apprendre plus sur son travail.

Esprits d’ailleurs est le 7e volume du genre pour Jacques de Loustal. Ce carnet de voyage, réalisé dans le cadre de résidences d’artistes, est composé d’illustrations colorées différentes de ses commandes habituelles puisqu’elles sont croquées sur le vif: « Je me promène quelque part et tac, je vois un paysage ou une image qui m’interpelle. Quand je suis en voyage, c’est le premier regard qui est important. Parfois, il m’arrive de voir un endroit formidable mais de ne pas avoir de quoi dessiner ou pas d’appareil photo. Je décide alors de revenir le lendemain mais je ne vois plus la même chose. »

Les dessins de Loustal révèlent une certaine fraîcheur. Lors de ses voyages, il recherche des images qui attirent son regard, par leurs formes parfois sinueuses et tortueuses ou encore par les mouvements des éléments naturels comme l’herbe, le vent ou les nuages. Les techniques utilisées pour leur rapidité sont souvent liées à ce qu’il veut représenter: « En Polynésie, par exemple, je n’ai pas voulu m’interdire la couleur. Les paysages là-bas sont très puissants. Au Japon et en Suisse, j’ai surtout travaillé au fusain, ce qui représente une sorte d’urgence. Le fusain est un outil mental et curieux. Il permet une fluidité et rend bien la minéralité, la végétation, le bois, l’air et l’eau. Parfois, j’ai l’impression d’être un maçon en train de monter mon mur. »

De la photographie à l’illustration

Sa manière d’aborder le dessin est particulière à chaque réalisation. Pendant longtemps, il a tenu à réaliser ses croquis sur place pour pouvoir capter l’instant. Mais les conditions n’étaient pas toujours réunies pour qu’il puisse le faire: « j’ai réalisé que je passais à côté de pleins d’images très fortes parce que parfois il pleut, il fait trop froid ou je n’ai pas le temps de m’arrêter. Alors maintenant, certaines illustrations sont le résultat d’assemblages de photos et de croquis pour reconstituer un paysage. Je considère en fait les photos comme une sorte de bloc-notes. »

Loustal a toujours été attiré et inspiré par la photographie. Cela se remarque d’ailleurs dans sa manière de capter la lumière et de rendre une certaine subjectivité de l’instant. Cela fait longtemps qu’il utilise cette technique: « Quand j’ai été la première fois au Rock’n’Folk, j’ai présenté des photos d’ambiance rock, du style de Londres à l’époque punk. Elles ne tenaient pas la route à côté de celles de professionnels. C’est ainsi que je me suis mis à l’illustration. Je dessine à partir de mes clichés et ensuite, je les oriente selon ma perception. »

Aujourd’hui, grâce à cette manière de travailler, il réalise le plus souvent ses illustrations finales en atelier ce qui lui permet d’ajouter plus de couleurs et de prendre plus de liberté dans les styles et techniques qu’il utilise. Au fil de ses voyages, les méthodes utilisées et la manière d’appréhender ses réalisations changent. Les paysages désertiques et les grands espaces ont été une grande inspiration pour ce carnet de voyage. Esprits d’ailleurs n’est pas une simple série de cartes postales ramenées de vacances. Le livre inspire une certaine liberté et étrangeté par ces paysages.

• Exposition ouverte jusqu’au 11 mai 2014, à la Galerie Champaka. 27, Rue Ernest Allard. 1000 Bruxelles.
• Esprits d’Ailleurs, Editions La Table Ronde.