L’oeuvre de la semaine: vive le printemps!
Et cela danse, tournoie et cabriole autour de la déesse d’un printemps qui se fête sur prairie fleurie. Tout est lumière et artifice, grotesque et vulgaire mais drôle d’abord.
Le peintre s’amuse : « Chaque fois que je commence une nouvelle peinture explique Tom Poelmans (Anvers 1984), j’ai cette pensée plutôt naïve que je peux peindre ce que je veux ! » Mais les embûches se multiplient. Le concept de base (un dessin) se voit piraté par un détail que le pinceau ne maîtrise pas ou par l’irruption inattendue d’une image qui force le pas de côté. « Chère imagination, écrivait André Breton dans le manifeste du Surréalisme, ce que j’aime surtout en toi, c’est que tu ne pardonnes pas ».
Et ce d’autant dans l’atelier, la coexistence des multiples reproductions de peintures anciennes et des figurines Disney et Marvel appelle le peintre anversois à des traversées non conformes. D’où, dans ce tableau titré « combattant de la liberté », le traitement en mille fleurs du sol qui n’est pas sans renvoyer aux tapisseries flamandes du Moyen-âge. D’où, les figures décoratives des colonnes dont, du signe solaire aux armoiries en passant par les chapiteaux et figures doubles, superposent, dans le désordre, les siècles et les régions.
La composition elle-même pourrait titiller le célébrissime « Empire de Flore » du très classique Nicolas Poussin (musée de Dresde) tout en empruntant à l’exubérance de la « Danse paysanne » de Rubens (musée du Prado). Ou à une danse de nains façon Blanche-Neige. Enfin, comment ne pas songer aux guirlandes végétales qui depuis Mantegna jusqu’à François Boucher surmonte dignement les figures et auxquelles, ici, s’est agrippé un dieu ailé et musicien tambourineur accompagné d’un petit monstre ricaneur : « Pour moi, ajoute l’artiste, peindre, c’est comme voyager sans bouger ». C’est aussi, toujours, laisser la parole à ce qui, sans crier gare, venu de l’inconscient, s’impose comme un acte maqué ou un lapsus. Alors, le peintre, peut-être mieux connu à Los Angeles et New-York que chez nous, se reprend et annonce sa vigilance comme lorsque sur cette sarabande, il fait porter le masque à ses danseurs blafards.
Bruxelles, Galerie Rodolphe Janssen. 32 rue de Livourne à 1050. Jusqu’au 12 mars. Du mercredi au vendredi de 10h à 18h, le samedi de 14h à 18h. www.rodolphejanssen.com
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