Critique

Link’s Awakening, la science des rêves

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Épisode à part de la saga des Zelda, Link’s Awakening vole de la première Game Boy à la Switch sur un remake magistral. Une oeuvre culte réhabilitée.

L’art délicat du remake ne pardonne pas. Malgré un lissage en HD, les récentes ré- éditions d’ Outcast (des Belges d’Appeal) ou de Metal Wolf Chaos XD ont ainsi mordu la poussière. En cause: des ressorts ludiques surannés. Le retour sur Switch de The Legend of Zelda: Link’s Awakening va, lui, techniquement beaucoup plus loin. Développé à l’époque sur un écran noir et blanc dont les pixels se voyaient à l’oeil nu, l’ action RPG s’offre un ravalement de façade total via une vue aérienne en 3D. Un traitement inédit qui tire un étonnant trait d’union, long de 26 ans, de la première Game Boy à la Switch.

Link’s Awakening occupe une place à part dans la généalogie de la saga culte de Nintendo. Shigeru Miyamoto, son père sur NES et Super NES, n’a en effet pas oeuvré sur ce volet. En désaccord avec les idées de ce dernier, Takashi Tezuka (son aide de camp) s’est chargé du projet, en montant dans son temps libre un prototype du jeu qu’il s’est empressé de montrer aux dirigeants de Big N.

Exit la princesse Zelda. Oublié, Ganon. Fan de Twin Peaks, Tezuka y cassait certains codes de la série et explorait l’idée de rêve. Échoué sur l’île de Cocolint, Link y recherche huit instruments à même de réveiller une créature marine volante. Kirby, Yoshi, des plantes carnivores de Mario ou encore le maire de SimCity y défilent comme des clins d’oeil inédits. Une foule de PNJ (personnages non jouables) déploie en outre des arcs narratifs propres. L’attachement à l’aventure est immédiat.

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L’intelligence de retour

Voguant au fil d’orchestrations symphoniques épatantes, le remake de Link’s Awakening sublime ses instrumentations 8 bits originales. Ses visuels 3D cartoon évoquent Animal Crossing et se parent d’un charmant effet tilt shift. En mains, les combats, les énigmes et les phases d’exploration n’ont pas changé d’un iota et n’ont pas pris une ride. Plus contemporains que jamais, les longs donjons, forêts, montagnes, prairies et autres déserts ignorent tout pointeur GPS et autres « rappels du prochain objectif« .

Rester attentif aux commentaires des personnages et autres textes laconiques pour trouver l’étape suivante est donc vital. Louper l’indication d’une statue précisant qu’il faut éliminer, dans un ordre précis, un lapin, une chauve-souris puis un spectre mène à un blocage sans pitié. Remis à jour par la série des Dark Souls, ce pari sur l’intelligence du gamer se double d’une pléthore d’adversaires aux comportements différents. Certains exigent de brandir son bouclier pour prendre un coup et les étourdir momentanément. D’autres, de balayer très rapidement l’air avec son épée. L’impression de jouer une partition sans fausse note domine.

Jonglant avec une foule d’accessoires à la fois dédiés à ses combats et à ses énigmes fascinantes, Link’s Awakening améliore sa prise en mains et offre des sauvegardes plus tolérantes que précédemment. Cette nouvelle version offrant un mode hardcore s’accompagne également de 20 marqueurs à poser sur sa carte. Inspiré par les deux Super Mario Maker, un nouvel éditeur de donjons très dispensable complète l’édifice. Le remake était presque parfait…

The Legend of Zelda: Link’s Awakening

Édité et développé par Nintendo, âge: 7+, disponible sur Nintendo Switch. ****(*)

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