Les nobles ont-ils encore du pouvoir en Belgique?
Difficile d’accès, la noblesse belge? Carrément. D’ailleurs, l’une des dernières immersions par la RTBF dans son quotidien date de 1988, et du fameux Strip-tease intitulé Le Baron, qui montrait les fêtes d’un personnage tout en poudre et en perruque, coincé quelques siècles en arrière sur la ligne du temps.
Questions à la Une, ce mercredi 21 avril à 20.20 sur LA UNE.
Samy Hosni a dû montrer patte blanche pour brosser ce portrait des porteurs de titres modernes.
Peut-on dire que la noblesse est un milieu fermé?
Samy Hosni : Oui. Cinq ou 6 rendez-vous ont par exemple été nécessaires avec l’Association de la Noblesse du Royaume de Belgique pour obtenir son blanc-seing. Mais nous y sommes parvenus. Nous avons eu accès au Bal de la Noblesse, qu’aucune télévision n’a jamais pu filmer. Nous avons pu pénétrer aussi dans certains clubs de jeunes. En étant très suivis, et souvent confrontés à des personnes formées aux interviews. Les nobles ont peur de la caricature, ils craignent pour leur image. Il y a des gens super dans la noblesse, comme cet ébéniste que nous avons rencontré. Mais à côté de cela, il y en a d’autres, caricaturaux, qui pensent représenter une élite.
La noblesse a-t-elle suivi les mutations de la société?
Pour certains, oui. Comme pour les gens qui travaillent vraiment. Ou ceux qui sont au chômage et qui ont donc été pris donc les mêmes tourments économiques que tout le monde. Certains, en revanche, vivent toujours un peu comme au Moyen Âge. Un peu comme le marquis de Trazegnies, propriétaire du château de Corroy, très sympathique au demeurant. Il vit seul dans 60-70 pièces non chauffées.
Quelle scène de ce sujet vous a particulièrement marqué?
Nous avons interviewé un petit jeune, dans un club. On lui a demandé pourquoi il n’ouvrait pas le cercle à tout le monde. Il nous a répondu qu’il ne voulait pas mélanger les gens, à cause des différences de classe sociale et d’éducation. Qu’il voulait éviter les débordements avec d’autres classes…
Les débordements? Comme des « mariages mixtes »?
Les nobles se marient beaucoup entre eux. 40 % restent entre sang bleu, et 30 % épousent quelqu’un de la haute bourgeoisie. Ils sont donc 70 % à rester dans leur milieu.
Quel est encore le pouvoir réel de la noblesse en Belgique?
Elle n’a quasiment plus de pouvoir politique, alors qu’en 1830, près de la totalité du Sénat, par exemple, était de sang bleu. Son pouvoir économique, il peut prendre 2 facettes. D’un côté, les nobles vendent leurs châteaux pour vivre (seule une centaine de châteaux sur les 3000 belges sont encore aux mains de la noblesse). De l’autre, 8 des 15 familles les plus riches de Belgique sont nobles.
Propos recueillis par Myriam Leroy
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