Les cinq parties du monde
Ne vous fiez pas au titre, il est trompeur! Malgré son évidente référence aux cinq continents, Les cinq parties du monde n’est pas un film sur l’exploration du monde et ses territoires inconnus.
DRAME DE GÉRARD MORDILLAT. AVEC FRANCK FALISE, FRANCK DE LA PERSONNE ET MARC BARBÉ. 2011
Ce vendredi 28 septembre à 22h20 sur Arte.
Ne vous fiez pas au titre, il est trompeur! Malgré son évidente référence aux cinq continents et la présence de deux marins comme principaux protagonistes, Les cinq parties du monde (récompensé par deux FIPA d’or début 2012, meilleure musique et meilleure fiction) n’est pas un film sur l’exploration du monde et ses territoires inconnus. La seule exploration vers laquelle tend Gérard Mordillat (réalisateur de la série Les vivants et les morts sur France 2), c’est celle de l’intime. Le hic, c’est que le réalisateur ne parvient pas à incarner ses idées dans des mots. Et très vite, les situations deviennent floues. Certes, ça intrigue, mais passé une heure, ça devient légèrement assommant. L’histoire se passe à Toulon (« ville sans nom », comme dirait Chouf) dans le petit Chicago un soir de juillet 1969 où un dénommé Neil Armstrong posa pour la première fois un pied sur la lune. Les deux marins, loin, bien loin de la figure droite et obéissante qu’on leur attribue, sont ici des êtres cruellement imparfaits. Se voyant refuser sa soirée, Chouf décide ainsi de transgresser les règles et d’emmener son mousse, Lip, voir le monde, comme le veut une tradition. Bien décidé à ne pas laisser ce rituel se réaliser, le colonel Vichy-Menthe, quant à lui, se lance alors à leur poursuite. Jusqu’où ira-t-il? Pourquoi souhaite-t-il empêcher ses deux hommes de se rendre dans une maison close? Quel secret renferme ce lieu? Autant d’interrogations qui ne trouveront réponse que lors du dénouement final.
Les parallèles avec la conquête spatiale ont beau être permanents, c’est bien sur terre que se déroule l’action, là où ne compte plus que le sexe et l’alcool. L’ambiance y est malsaine, parfois pesante, c’est chargé d’obscurité, de frustration et de malheur. Si l’on a plutôt l’habitude d’être fasciné par ce genre d’esthétique, c’est avec bien peu d’intérêt que l’on suit les (més)aventures de Chouf et Lip. Il faut dire qu’ils perdent beaucoup en relief face à la puissance mystérieuse des rôles féminins. Tour à tour, ces actrices, belles et inquiètes, défilent devant la caméra, comme pour mieux se confier ou se confesser. Dès lors, tout y passe: regrets, désirs et complexes sexuels, envies futures… Avec de tels passages profonds et sincères, difficile de cacher plus longtemps la véritable finalité du film: répondre à des questions plus contemporaines qu’elles en ont l’air. Car, en se liant aux marins, ces filles de joie deviennent les témoins privilégiés d’un mal-être global. « Né pour souffrir » comme ils disent.
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