Lapins pas si crétins
STRATÉGIE/TACTIQUE | Monté sur des ressorts ludiques affûtés et addictifs, Mario saute avec les Lapins Crétins dans un crossover sans précédent.
Qui se souvient de Mario is Missing! sur PC ou d’Hotel Mario sur le CD-i de Philips? Certainement pas Nintendo. Hors de son sillon, son plombier moustachu y divaguait, au début des années 90. La mascotte en salopette était depuis lors sagement restée dans le château de Big N. Mais la roue du gaming tourne. En mars dernier, le géant de Kyoto reniait ainsi l’idée d’exclusivité console et lâchait Super Mario Run sur smartphone. Cette rentrée, le constructeur nippon prête Mario aux inénarrables rongeurs d’Ubisoft sur Mario + The Lapins Crétins: Kingdom Battle. Le prétexte, improbable, tourne autour d’un jeu de stratégie tactique au tour par tour. Le patron est-il devenu fou?
Ce transfuge a priori contre-nature laissait augurer le pire. Mais les pantalonnades des mammifères dégénérés cadrent étrangement bien avec le Royaume Champignon. Un lapin un peu moins crétin que les autres s’y est emparé d’un casque fusionnant des objets hétéroclites. Une machine « à laver à voyager dans le temps » s’emballe. Et tout l’univers de Mario se pervertit de bwaa!. Ce joyeux bordel parsemé de blagues sous la ceinture (mais que fait Miyamoto?) tient la route. Des sourires se décrochent, à force de gags visuels que Buster Keaton ne renierait pas.
La chasse est ouverte
Se planquer derrières des blocs parfois destructibles, prendre de la hauteur face à un adversaire, plonger dans un tuyau pour se téléporter de l’autre côté du terrain… Le gameplay tout en stratégie tactique claque et déballe des damiers dont la surface et la topographie changent à chaque duel. Calibrées au pixel près, les compétences des équipiers du gamer réservent des moments d’épiphanie dignes d’un jeu d’échecs. Super saut sur l’épaule d’un bro, halo de guérison ou tournée générale de boost d’attaque… La proximité sur le damier des membres de la team du joueur les avantage en déplacements.
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Lâchant des lapins crétins lanceurs de grenades ou balèzes au corps-à-corps, la production d’Ubisoft demande toujours une sérieuse dose d’anticipation. Imitant leurs tics pour se moquer d’eux, des rongeurs grossièrement déguisés en Luigi, Princesse Peach, Yoshi et Mario y côtoient les héros originaux de Nintendo pour former des équipes hétéroclites. Connaître la spécificité de la très large panoplie d’armes et de compétences (évolutives) des neufs protagonistes est d’ailleurs vital.
Malin comme un singe, Kingdom Battle manque malheureusement de lisibilité sur ses cartes. Deviner si, après un déplacement, un adversaire sera à portée de tir y est une gageure. Mais la fête ne s’en trouve pas entachée. Tapissé de boss ingénieux et de parenthèses tout en exploration et en puzzle-game, le jeu se paie d’ailleurs le luxe d’une BO classique signée par Grant Kirkhope (Banjo-Kazooie). Les envolées folles, les cavalcades loufoques et autres clins d’oeil à Indiana Jones s’accumulent. Une musique divine pour une Switch en manque de tubes.
Mario + The Lapins Crétins: Kingdom Battle, édité et développé par Ubisoft, âge: 7+, disponible sur Nintendo Switch. ****(*)
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