La fille du 14 juillet
Avec La fille du 14 juillet, Antonin Peretjatko signe un ovni comico-parisien en forme de remède anti-crise supposément solaire. Mouais…
Une certaine presse hexagonale (Libé, Le Monde, Les Cahiers…) s’est emballée plus que de raison sur ce road-movie volontairement sans queue ni tête qui embarque deux sympathiques pieds nickelés, Pator (Vincent Macaigne, sosie rougeaud de Sébastien Tellier) et Hector (Grégoire Tachnakian, sosie parigot de Vladimir Poutine), sur les routes de France en compagnie des deux donzelles qu’ils convoitent, Charlotte et Truquette (le féminin de Truc, donc). Lesquels vont vivre ensemble, ou séparément, une brochette d’aventures saugrenues dans un esprit libertaire qui tranche radicalement avec le marasme ambiant. Au beau milieu de l’été, en effet, le gouvernement s’est décidé à avancer la rentrée d’un mois pour tenter de pallier la crise…
Sur ce scénario résolument marabout-bout de ficelle où tout, et surtout n’importe quoi, peut arriver, Antonin Peretjatko -on lui doit une série de courts métrages remarqués ainsi que deux making of pour Jacques Audiard- bâtit à la manière d’un improbable château de cartes un premier film loufoque, surréaliste, débraillé, libre, inventif dans ses meilleurs moments. Lesquels sont plutôt rares, à vrai dire. Avec La fille du 14 juillet, comédie horriblement bavarde sous ses faux airs d’exaltation burlesque à la Tati, ça fuse dans tous les sens en effet, mais rarement dans le bon. On pense au Godard de Week-end revu et corrigé par Les Charlots, le tout arrosé, avec un réel sens de l’image il est vrai, d’un florilège de galéjades joyeusement décomplexées à peine dignes des Rois du gag (la running joke navrante de la guillotine).
Brouillon de culture
« Ma vie est le brouillon de mes films », se plaît à répéter un Peretjatko qui prétend avoir mis beaucoup de lui-même dans ce marivaudage choral où chacun cabotine dans son coin -mention très bien, tout de même, au chanteur tête à claques des Naive New Beaters et sa prestation éclair, objectivement désopilante, en geek pathétique obsédé par sa voiture de fonction. Sa Fille du 14 juillet, hélas, ressemble à s’y méprendre au brouillon de la comédie enlevée qu’elle aurait pu être -la party finale et ses oeillades appuyées au cinéma de Blake Edwards. Derrière cette tentative louable, et réellement singulière, d’humour anti-naturaliste, imparfait, maladroit, foutraque, pointent en effet les attributs ronflants d’un pensum empesé où l’on boit du vin, où l’on s’écoute parler, où l’on disserte sur l’amour, sur la vie. Un film très parisien, au fond, largement moins siphonné qu’il ne voudrait bien l’être. Un peu intello, un peu potache, un peu poétique, un peu anar, un peu prétentieux, un peu absurde, un peu frondeur. Un peu con, en somme.
- Comédie d’Antonin Peretjatko. Avec Grégoire Tachnakian, Vincent Macaigne, Vimala Pons. 1h28. Sortie: 11/09.
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