Kosmopolite Art Tour: Louvain-la-Neuve s’offre un relooking

Du 30 juillet au 5 août, Louvain-la-Neuve célèbre la culture du Street Art en accueillant le Kosmopolite Art Tour. Pas moins de 50 artistes à la renommée internationale viendront « graffer » la cité morose avec de nouvelles couleurs.

Louvain-la-Neuve, un bloc de béton au milieu de la campagne, une ville sortie de terre il y a quarante ans. Cité artificielle aux murs ternes, parfaite pour une dépression saisonnière! Surtout quand la drache belge décide de taper l’incruste, et de s’établir là pour quelque temps. Pour donner un coup d’éclat à leur ville d’origine, Fred Lebbe et Guillaume Desmarets, néo-louvanistes récemment exilés à Bruxelles, ont eu l’idée de faire venir le très renommé Kosmopolite Art Tour (un festival international de graffiti) dans leur terre natale. Ville jeune, cosmopolite et en pleine expansion, Louvain-la-Neuve apparaît comme le lieu idéal pour accueillir ce type de projet.

Le festival accueille des artistes renommés, venus des quatre coins du globe pour l’occasion. Parmi eux: Sonic, pionnier du graffiti à New-York; les français Lazoo et Kongo du Mac Crew; l’incontournable Colorz ainsi que Grems, rappeur et graffeur parisien. Mais aussi: Binho (Brésil), Besok (Hollande), New2 (Australie), Rookie (Allemagne), Slep (Mexique)… Les artistes belges ne sont pas oubliés avec notamment la présence de Denis Meyers et Sefo.

Le graffiti, une discipline artistique à part entière

Au programme: des expositions, un musée de rue et des workshops tous dédiés à l’art du graffiti. Généralement mal connu du grand public, le graffiti retrouve toutes ses lettres de noblesse dans ce genre d’événement. Si certains street artistes sont de plus en plus reconnus, comme Banksy, ou Invader (qui s’était invité à la rédaction de Focus au mois de mai 2012), trop souvent encore le grand public a une vision négative du graffiti. Ce dernier, facilement confondu avec le tag reste dans l’esprit de beaucoup -à tort- associé à du vandalisme. Ici, rien de tout ça. Pour preuve: les autorités de la ville se sont elles-mêmes investies dans la mise en place du projet.

Une galerie à ciel ouvert

L’événement sera surtout l’occasion de redonner un nouveau visage à Louvain-la-Neuve. Les artistes se réuniront plusieurs jours autour de sept murs de Louvain-la-Neuve, sélectionnés pour l’occasion (au Sablon, à la gare, rue des Wallons, place des Wallons, ruelle St-Eloi, à l’Agora et au boulevard de Wallonie). Sept grandes fresques, sur lesquelles les graffeurs sont appelés à laisser s’exprimer leur créativité, verront alors le jour. De quoi donner un peu de vie, de couleur et d’esthétique à des murs défraîchis. De montrer aussi que le graffiti ne se limite pas à la bombe aérosol. C’est un art riche qui se décline sous de nombreuses formes: pochoirs, peintures, stickers, mosaïques, collages, installations, etc. Et de désacraliser une bonne fois pour toute la figure du graffeur invisible, en permettant au public de rencontrer les artistes et de discuter avec eux. Louvain-la-Neuve deviendra une véritable galerie à ciel ouvert, invitant se promener dans le dédale de ses rues piétonnières, à la découverte de ce street art.

Oeuvres durables pour ville éphémère

Pour assurer la pérennité de l’oeuvre, des murs de qualité ont été choisis et ont subi un travail de préparation. Les oeuvres seront ensuite recouvertes d’une protection de vernis… anti-graffiti! Voilà qui achève de casser les préjugés et qui montre bien la volonté de s’affirmer comme un art à part entière. Le festival transformera le visage de Louvain-la-Neuve de manière durable, un pari ambitieux pour cette ville en carton qui a été originellement conçue sur un modèle éphémère.

Valentine François (stg)