Jamais mieux tatoué que par soi-même?
Les meilleurs tatoueurs étaient réunis à Paris pour le Mondial du tatouage ce week-end. En marge, une tendance en contradiction fait son retour: le « Do It Yourself ».
2015: Les corps s’ornent de motifs. Au rythme de l’aiguille épidermique, le tatouage se répand. L’encre coule sous la peau à vitesse grand V. Sur les podiums, dans la rue… Le tatouage est devenu accessoire de mode. Autrefois populaire, le tatouage fait aujourd’hui fi de la classe sociale (désormais 10% des Français sont tatoués).
Courage, crime et châtiment
Même si le tatouage existe depuis des milliers d’années, il ne s’est démocratisé que depuis peu. Rituel, sacré, le tatouage diffère de significations selon les époques et les continents. Mais entre tous ses sens, le tatouage a toujours catégorisé socialement ses porteurs. Chez les peuples primitifs, le tatouage est synonyme d’intégration et de puissance. Un individu tatoué résiste à la douleur, il a passé tous les rites de passage. Aux Etats-Unis, les Indiens voyaient dans la pratique une quête de spiritualité. Il pouvait cependant aussi servir de châtiment, en fonction des tribus.
Au Japon, le tatouage était plus thug, badass. Il était associé au crime et au vice: les prisonniers étaient marqués à l’encre, comme les prostitués (qui le faisaient elles-mêmes). Aujourd’hui encore, les prisons font office de salons de tatouage clandestins, où l’on montre son appartenance à un gang ou autre évènement lié à l’incarcération. Une manière de s’intégrer encore une fois.
Homemade tattoo
Depuis, la signification a disparu au profit de l’esthétique tattoo. « Les tatouages aujourd’hui ne sont généralement pas des tatouages de revendication, d’appartenance à un groupe notamment criminel. Ils sont esthétiques. »observe le rédacteur en chef de Tatouage magazine, Jérôme Pierrat, pour Slate. Les devantures de salons de tatouage proposent des motifs reproductibles sur toutes les peaux. Le tatouage est passé de l’art à l’industrie?
Aujourd’hui, les puristes en ont marre et veulent redonner ses lettres rouillées à l’art du tatouage, ils prônent le Do It Yourself (le « fait maison »). Quand on pense tattoo DIY, on s’imagine un cintre oxydé qui viendrait percer la peau pour y déposer un mélange d’encre non-homologué et quelques bactéries. C’est un peu vrai, il y a des règles d’hygiènes strictes à respecter. Mais il existe aussi des kits DIY aseptisés et des tutoriels pour les puristes anti-tétanos.
Pour ces nouveaux apprentis tatoueurs, ce qui compte aujourd’hui, c’est de retrouver une forme de spontanéité dans le tatouage. Réfléchir pendant des mois pour s’encrer la peau? Choisir le tatoueur le plus doué dans son art? Les adeptes du DIY passent outre ces questions et se tatouent quand ils ont envie, sur le moment. Mais ce qui s’avère être l’idée du siècle sous éthanol peut se transformer en énorme regret le lendemain…
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