
Si les films de Hong Sang-soo, l’hyper prolifique “Rohmer coréen”, ont la fâcheuse habitude de ne pas trouver le chemin des salles belges, on peut fort heureusement compter sur l’excellent travail de l’éditeur français Capricci, qui les sort -ce qui ne gâche rien- sous la forme d’élégants objets DVD. Ours d’argent du meilleur scénario à la Berlinale 2021, Introduction s’articule en trois temps. Comme autant de moments suspendus qui semblent friser l’insignifiance. Procédant par ellipses radicales, le réalisateur prend en effet un malin plaisir à ne pas montrer les moments-clés de l’existence de ses protagonistes, partagés entre rêves et réalité, promesses incertaines d’avenir et pure inscription dans le présent. C’est dans les marges, dans les creux de ce que l’on voit à l’écran que se joue Introduction. Maître des amours contrariées et des valses-hésitations, Hong Sang-soo capte avec grâce et limpidité, sans même avoir l’air d’y toucher, quelque chose de précieux en lien avec les aléas du cœur et le passage du temps. Drapé d’un noir et blanc laiteux, son 25e long métrage, d’une grande modernité, a en outre toujours le chic pour capturer le déploiement de la parole dans ce qu’il a de plus cinématographique. En bonus, le brillant critique français Jean-François Rauger livre une analyse fouillée et sensible du film, tandis que les réalisateurs Nicolas Pariser ( Alice et le Maire) et Emmanuel Mouret ( Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait) racontent le rapport personnel et intime qu’ils nourrissent avec le cinéma de Hong Sang-soo.
De Hong Sang-soo. Avec Shin Seok-ho, Park Mi-so, Kim Young-ho. 1 h 06. Ed: Capricci.
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