Philippe Cornet
Génie génétique?
Là où il y a du gène, y a-t-il aussi du plaisir? Une récente incursion rock du mannequin Liv Tyler -fille du braillard d’Aerosmith- repose la question de l’hérédité musicale.
La chronique de Philippe Cornet
Son regard piscine, sa touffe Charlie’s Angels, ses lèvres roses gay pride: Liv Tyler a déjà beaucoup baladé son clinquant mètre 78 sur les podiums à talons, dans la pub et, à moindre cadence, au cinéma. Trente-quatre ans, et un seul grand rôle public, celui d’Arwen Undomiel (…) dans Le Seigneur des anneaux où elle incarne le mélange fantasmé entre réclame pour shampoing paradisiaque et Bilitis des années 2000. Après l’une ou l’autre apparition anecdotique -sur un album des Lemonheads-, la voilà coachée par David Sitek, de TV On The Radio, pour un premier enregistrement « sérieux ». Même si, faut pas rêver, c’est encore pour une odeur formatée (Givenchy): Liv chante une reprise électro-mouillée du Need You Tonight, tube pour les Australiens d’INXS en 1987. Plutôt bien dans le registre eau de toilette vocale. Liv a 10 ans quand elle apprend que son célèbre papa chanteur, Todd Rundgren, n’est pas son géniteur bio: il s’agit de Steven Tyler d’Aerosmith. Ce groupe de Boston s’est spécialisé dans le sous-Stones criard avec quelques moments hard de large pénétration publique. Entre papa Steven et Liv, un seul vrai rapprochement: des lèvres généreuses. Rayon voix, le gueulard paternel et la grâce miaulante de Liv semblent sans point commun. Mais entre un mec de 64 ans (le 24 mars) et une pin-up 30 ans plus jeune, le contraire ferait assez numéro de ventriloque enroué à la Amanda Lear.
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Moignon atrophié
Dernièrement, on se repose la question de la transmission du talent alors que le vieux Leonard Cohen sort un nouvel album, quasi en même temps que son fils, Adam. Sans être inutilement cruel, il semble que l’inspiration cohenienne se soit égarée dans le fleuve de spermatozoïdes paternels. Parfois, c’est moins sûr: Sean Lennon est-il plus fortiche que son demi-frère Julian? Réponse en touche: aucun des 2 ne frôle le paroxysme génial du pater John. Il semble que le passage d’une génération à l’autre délave le talent, le réduise parfois à un pauvre moignon de fertilité n’ayant de gloire que le nom de famille. Vrai chez Johnny et David Hallyday comme chez Paul et James (qui?) McCartney, Paul et Harper Simon, Bob et Ziggy Marley ou Elvis et Lisa Marie Presley. Trois exceptions notables nuançent la déconfiture familiale: 2 américaines et une française. Rufus Wainwright a transmuté le folk de son père, Loudon Wainwright III, en une forme rare d’opéra-rock qui vaut bien la pilosité moustachue de Freddie Mercury. Il y a évidemment le cas Tim et Jeff Buckley, où l’on pointe un match nul entre père et fils, aux voix également exceptionnelles. In fine, reste la famille Gainsbourg-Birkin: si Charlotte accomplit une grande carrière d’actrice -on est moins bluffé par sa musique, c’est qu’elle a hérité des qualités « secondaires » de ses parents. La fibre cinématographique de Serge et la sensualité organique de Jane. Elle en a fait une Charlotte aux pommes, délicieuse, confirmant sans doute que le talent est d’abord une affaire de cuisine.
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