Game of Thrones – saison 2

Série geek par excellence, Game of Thrones touche un plus large public. Mais les effets narratifs grossiers dans la saison 2 annoncent-ils sa déchéance?

Autant vous dire que ce Game of Thrones nous laisse perplexe. Etonnant en effet que HBO ait décidé de se lancer dans l’adaptation télé d’un best-seller d’heroïc fantasy puisque le fonds de commerce de la chaîne, ce sont surtout des histoires humaines, socialement et psychologiquement fortes. Pourquoi s’éloigner de ce qu’on fait de mieux? Parce qu’on perd des plumes. HBO, qui a longtemps symbolisé l’unique et dernier bastion créatif de la télévision, est en train de se faire ravir sa place de leader créatif par AMC. Alors HBO, avec Game of Thrones voulait une grande fresque épique qui donne dans la surenchère. On évolue ici dans un monde cruel où on oblige les gamins de 10 ans à regarder des exécutions pour s’endurcir, où les femmes sont juste des réceptacles à semences masculines, où frères et soeurs couchent ensemble et surtout, où l’instabilité politique peut vous tuer d’une seconde à l’autre. Cette instabilité, dont les tenants et aboutissants tiennent en des dizaines de ramifications, pourrait se résumer comme suit: un roi dont le bras droit vient d’être assassiné demande à l’un de ses seigneurs de devenir son second. Et de l’autre côté de leur monde, le fils de l’ancien roi renversé par le nouveau veut conquérir le trône. Les premiers épisodes, plutôt putassiers, laissaient envisager le pire. Mais le racolage des débuts fait rapidement place à un propos plus passionnant stratégiquement. La seconde saison se montre à cet égard plus intéressante que la première. Il n’empêche qu’on n’y voit toujours pas le chef-d’oeuvre décrit par les fans, mais un sous-Ken Follet (efficace, donc, mais systématique) à base de levrette et de sang.