En images: Photographie chinoise, la révolution visuelle
Galerie Paris-Beijing. Tel est le nom du nouvel espace qui a pris ses quartiers dans l’Hôtel Winssinger à Saint-Gilles, un bâtiment classé portant la signature de Victor Horta dont on attendait depuis longtemps le retour à la vie. Avec ses 800m2 d’exposition, l’endroit devrait rapidement intégrer le circuit des galeries d’art qui comptent dans la capitale. Derrière ce projet, un couple de Français -Romain et Flore Degoul- à qui l’on doit déjà deux lieux similaires à Beijing et à Paris. Parti en Chine en 2006 pour y ouvrir une agence de presse, le tandem a rapidement changé son fusil d’épaule en mesurant le potentiel d’une génération entière de jeunes photographes chinois en train d’émerger. Tel est le point de départ qui les mènera tout naturellement à ouvrir les portes sur l’ensemble de la scène artistique asiatique et à en donner les clés aux amateurs et collectionneurs occidentaux. A l’occasion de sa première exposition bruxelloise, la galerie offre à travers A History of Chinese Contemporary Photography, « un aperçu inédit et enthousiasmant de la richesse, de l’originalité et de la vitalité de la photographie contemporaine chinoise ». L’occasion pour Focus d’embrayer avec un portfolio -en forme de sélection- pointant les grands thèmes qui travaillent les photographes chinois de l’intérieur. L’urbanisation, la mondialisation, la politique, la nature, la mémoire, le corps et la marge: autant de facettes qui permettent de se rendre compte qu’après une première phase « postmaoïste » à l’esthétique facile souvent téléguidée par des collectionneurs occidentaux avides de simplification, les photographes chinois ne sont plus prisonniers d’un projet artistique productiviste en phase avec la fièvre consumériste qui s’est emparée du pays. Désormais, le regard se fait plus critique, plus polémique. Démonstration.
Michel Verlinden
A HISTORY OF CHINESE CONTEMPORARY PHOTOGRAPHY, GALERIE PARIS-BEIJING, 66, RUE HÔTEL DES MONNAIES, À 1060 BRUXELLES. DU 13/10 AU 08/12. WWW.PARISBEIJINGPHOTOGALLERY.COM
Chen Jiagang pointe la mondialisation du doigt à travers des tirages monumentaux obtenus en utilisant les plus grandes chambres photographiques au monde.Chen Jiagang, The Great Three Gorges-07, Night of Fengjie, 2011, 110 x 160 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Sur le même thème, Li Wei décline une série d’images inspirée par la tradition engagée de la photo-performance chinoise contemporaine en utilisant son corps comme outil de langage.Li Wei, Falls No. 042-01, Li Wei Falls to the car, 2003, 150×150 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Déboussolé, esseulé, l’homme moderne ne voit parfois d’autre issue que de se jeter par la fenêtre, nous dit Li Wei.Li Wei, High Place No. 40-02, 29 levels of freedom, Beijing, 2003, 120×175 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
La ville abordée de manière plus poétique par Weng Fen. Dans ses clichés, le spectateur semble complètement dépassé par l’évolution du paysage.Weng Fen, On the wall, Guangzhou, 2002-2009, 60×75 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
De loin, les photographies d’Yang Yongliang apparaissent édéniques, proches d’une esthétique de la calligraphie. De près, on découvre l’effrayante noirceur d’un monde globalisé.Yang Yongliang, Heavenly city No. 08, 2008, 164×150 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Étonnant parcours que celui de Song Chao, devenu photographe réputé… Alors qu’il était mineur. C’est à travers les portraits des soldats du sous-sol qu’il pointe la mondialisation.Song Chao, Miners II – 20, Liu Chuanzhen, 2002, 120×150 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Avec Artificial wonderland, Yang Yongliang montre une nature qui rétrécit comme une peau de chagrin.Yang Yongliang, Artificial wonderland, No. 01, 2010, 157×860 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Autour de la mémoire, Wang Ningde restitue toute la tension qui perdure entre une Chine contemporaine en constante évolution et la révolution culturelle dont les traces sont toujours présentes.Wang Ningde, Some days, No. 03, 2002, 123×160 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
À travers des mises en scène minutieuses, Wang Qingsong se moque des déséquilibres engendrés par le capitalisme débridé.Wang Qingsong, Follow him, 2010, 130×300 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Liu Bolin développe une oeuvre politique par le biais de performances dans lesquelles il se camoufle dans l’environnement jusqu’à devenir presqu’invisible, manière de suggérer la violence à l’oeuvre.Liu Bolin, Hiding in the city, Civilian and policeman #1, 2006, 160×100 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
On ne présente plus Ai Weiwei, le dissident chinois le plus célèbre. Dans le même registre d’évidence, la série Study of perspective ne nécessite pas de sous-titre.Ai Weiwei, Study of perspective, Eiffel tower, 1995-2003, 39×59 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
He Yue manie un registre d’impertinence et de provocation mêlé à une bone dose d’humour.He Yue, …123…, Beijing, 2005, 170×120 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Avec Hide in the city, Liu Bolin provoque sa disparition… Anticipant par là un niveau d’existence proche de zéro vivement encouragé par le pouvoir.Liu Bolin, Hiding in the city, Supermarket, 2009, 120×120 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Ma Liang -mieux connu sous son nom d’artiste Maleonn- développe un univers psychologique marginal en forme d’antidote à un quotidien perçu comme déprimant.Maleonn, Book of taboo, No. 08, 2006, 90×135 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Star de la scène chinoise contemporaine, Zhang Huan pratique une photographie qui s’appuie sur le concept de performance. À la clé, une esthétique de la rupture.Zhang Huan, Shanghai family tree (détail), Shanghai, 2001, 51×76 cm x 9, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Pionnier de la performance, Sheng Qi ne craint pas les gestes radicaux: après Tiananmen, il s’est coupé un doigt pour le brûler ensuite dans un pot de fleurs et l’enterrer à Pékin.Sheng Qi, Memories, Me, 2007, 95×63 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Zhu Ming met en scène son corps nu pour en souligner la fragilité.Zhu Ming, May 3rd 2000, No. 19-A, Hong Kong, 2000, 116×155 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
Les Gao Brothers mettent en scène leur propre corps comme un dialogue universel qui s’étend au-delà d’un langage individuel.Gao Brothers, Sense of space, Reading, 2000, 180×235 cm, courtesy de l’artiste et de la galerie Paris-Beijing.
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